Résumé de la 4e partie n Patricia, en s?apprêtant à mettre sur pied son émission sur les femmes au pouvoir, se replonge dans son passé. Le décor est planté, restent les acteurs et les faits qui vont ressurgir. Elle venait de finir de suspendre ses vêtements et préparait un café quand le téléphone sonna. Le son parut exploser dans le silence de la maison. Pat sursauta et fit une grimace en sentant quelques gouttes de café sur sa main. Elle posa calmement la tasse sur le comptoir et prit l'appareil. «Pat Traymore. ? Allô, Pat.» Elle serra le récepteur, espérant que sa voix semblerait seulement amicale. «Allô, Sam.» Samuel Kingsley, député du 26e district de Pennsylvanie, l'homme qu'elle aimait de tout son c?ur, l'autre raison qui l'avait décidée à venir s'installer à Washington. Quarante minutes plus tard, Pat se débattait encore avec le fermoir de son collier lorsque le carillon de la porte d'entrée annonça l'arrivée de Sam. Elle s'était changée et avait passé une robe en lainage vert foncé gansée de satin. Sam lui avait dit, un jour, que le vert faisait ressortir les reflets roux de ses cheveux. La sonnerie retentit une seconde fois. Ses doigts tremblaient trop pour fixer le fermoir. Elle prit son sac et y glissa le collier. Tout en descendant à la hâte l'escalier, elle s'évertua à rester calme. Il ne fallait pas oublier que pendant les huit mois qui s'étaient écoulés depuis la mort de sa femme, Janice, Sam ne lui avait pas téléphoné une seule fois. Sur la dernière marche, elle s'aperçut qu'elle s'appuyait davantage sur sa jambe gauche, à nouveau. Sam avait tellement insisté pour qu'elle consulte un spécialiste des os qu'elle lui avait dit la vérité sur sa blessure. Elle hésita un moment dans l'entrée, puis ouvrit lentement la porte. Sam emplissait presque l'embrasure. La lumière de l'extérieur accrochait des fils d'argent dans ses cheveux bruns. Sous les sourcils en broussaille, ses yeux couleur noisette avaient un regard circonspect et interrogateur. Des rides nouvelles étaient apparues tout autour. Mais son sourire, quand il la regarda, n'avait pas changé, tendre et chaleureux. Ils restèrent immobiles, l'air gêné, chacun attendant que l'autre fît le premier pas, donnât le ton des retrouvailles. Sam portait un balai. Il le lui tendit d'un air solennel. «Les Amish font partie de mon district. Une de leurs coutumes est d'apporter un balai neuf et du sel dans une nouvelle maison.» Il tira une salière de sa poche. «Avec les compliments de la Chambre des représentants.» Il s'avança d'un pas à l'intérieur, posa ses mains sur les épaules de Pat et se pencha pour l'embrasser sur la joue. «Bienvenue dans notre ville, Pat. Heureux de vous avoir parmi nous.» C'est donc ainsi qu'il l'accueillait ! Deux vieux amis qui se retrouvent. Washington étant une ville trop petite pour y éviter quelqu'un sorti du passé, mieux valait prendre le problème de front et définir les règles. Pas question, pensa Pat. On joue une autre partie, Sam, et cette fois-ci, j'ai l'intention de gagner. Elle l'embrassa, résolument, laissant ses lèvres pressées contre les siennes juste assez longtemps pour sentir l'émotion le gagner, puis recula et sourit avec naturel. (à suivre...)