Repère n La mosquée de Sidi Brahim est située dans un des cimetières qui entourent la ville ; elle est un lieu de pèlerinage pour les populations de la région? Selon la tradition, c?est au XIe siècle de l?ère chrétienne que les populations actuelles sont arrivées dans la vallée du M?zab. Chassées de la ville de Tihert (Tiaret) ? où elles résidaient auparavant ? par les Fatimides, les tribus ibadites avaient erré longtemps dans le désert avant de se fixer dans ce qu?on appelait alors la vallée de Timizert (ancien nom du M?zab). Cette vallée n?était pas déserte puisque des populations y vivaient déjà, dans des villages dont la tradition garde encore quelques noms ; les nouveaux venus ont su vivre avec elles et, ensemble, construire ce qui allait devenir la civilisation des cités. El-Atteuf ? Tajnint dans le dialecte berbère local ? est la première de ces cités. Toujours selon la tradition, elle aurait été fondée en 1011 ou 1012 de l?ère chrétienne, par un cheikh appelé Abghur qui venait d?une vallée appelée Daya. Ce cheikh et sa fraction ont été rejoints par les habitants de trois villages qui existaient dans la région et ensemble, ils ont constitué la nouvelle ville de Tajnint. Après Tajnint, c?est au tour de Bounoura d?être fondée, en 1019 ou, selon certaines sources, un peu plus tard, vers 1046. Ghardaïa, qui est aujourd?hui la capitale du M?zab, vient en troisième position dans l?ordre des fondations, vers 1058. Puis c?est Beni Izguen en 1347. Les deux autres villes ont été créées hors de la vallée : Guerara, à 100 km de Ghardaïa, en 1630 ou 1631, et Berriane, la plus récente des cités mozabites, en 1690. El-Atteuf, dont nous allons rapporter aujourd?hui une légende, est située à une dizaine de kilomètres en aval de Ghardaïa. La ville apparaît brusquement au tournant d?un virage, d?où son nom arabe d?El-Atteuf ? mun?âtaf (détour, méandre, boucle) ; elle est disposée en étages et entourée de maisons-remparts aujourd'hui en ruine. La porte principale, qui se trouve sur le côté ouest, donne sur une placette ; une porte plus ancienne s?ouvre sur un marché où se tiennent des ventes aux enchères. C?est là que se concentrent les commerces et où se trouvent les hadjbas, lieux réservés aux réunions des fractions (çoffs). Les ruelles de l?ancienne ville possèdent des passages couverts, avec des ouvertures par intermittence pour laisser passer la lumière du jour. La ville est entourée de cimetières? El-Atteuf possède deux palmeraies : l?une, située à un kilomètre de Ghardaïa et qui ne dispose pas d?une protection importante ; l?autre, à deux kilomètres, est flanquée de tours de défense. D?El-Atteuf émergent les deux minarets de deux grandes mosquées ; on explique parfois l?existence de deux mosquées ibadites comme la conséquence d?une dissidence, voire de luttes religieuses entre fractions, mais ces luttes, si jamais elles ont eu lieu, sont oubliées aujourd?hui. D?autres encore parlent de l?existence, à l?emplacement d?El-Atteuf, d?une première bourgade avant que la nouvelle agglomération et l?ancienne ne se fondent en une seule cité. La mosquée, qui nous intéresse aujourd?hui, est celle de Sidi Brahim. Située dans un des cimetières qui entourent la ville, elle est un lieu de pèlerinage pour les populations de la région? Elle possède aussi une légende. (à suivre...)