Résumé de la 44e partie n Le Bédouin, ayant décidé de vendre Nôzhatou, la proposa à un homme qui avait l?intention de la revendre à son tour au roi Omar Al-Némân? Le marchand d?esclaves continua : «Je monterai donc chez le prince Scharkân, qui me connaît, et je lui exposerai la chose, et il me donnera une lettre d'introduction auprès du roi Omar Al-Némân qui, en raison de son goût connu pour les esclaves vierges, ne manquera pas de me l'acheter un prix très avantageux. Et je te paierai alors le prix convenu entre nous deux.» Et le Bédouin répondit : «J'accepte de toi ces conditions.» Alors ils se dirigèrent tous deux vers le khân Sultani, où était enfermée Nôzhatou, et le Bédouin appela à haute voix la jeune fille, dissimulée derrière la cloison, en lui disant : «Ho ! Nahia ! ho ! Nahia !» car c'était là le nom que le Bédouin avait cru bon de donner à son esclave. Mais, à ce nom nouveau pour elle, la pauvre adolescente se mit à pleurer et ne répondit pas. Alors le Bédouin dit au marchand d'esclaves : «Tiens, la voici, là derrière. Je te permets de t'en approcher et de la bien examiner, mais sans l'effaroucher, et parle-lui gentiment comme j'ai l'habitude de le faire moi-même.» Et le marchand passa derrière la cloison et s'avança vers l'adolescente et lui dit : «La paix sur toi, ô jeune fille !» Et Nôzhatou répondit, d'une voix douce comme le sucre et avec la prononciation la plus exquise, en langue arabe : «Et sur toi la paix et les bénédictions d'Allah !» A cet accent, le marchand fut charmé extrêmement ; et il regarda attentivement la jeune esclave, qui avait le visage recouvert du voile grossier, et se dit en lui-même : «Allah ! qu'elle est gracieuse et quelle pureté de langage !» Et elle aussi regarda le marchand et pensa : «Ce vieillard a une figure très douce et un aspect vénérable et fort engageant. Fasse Allah que je devienne son esclave pour échapper à ce grossier Bédouin aux m?urs féroces et à l'aspect repoussant ! Aussi me faut-il répondre avec intelligence et faire ressortir mes bonnes manières et ma façon de parler gentiment, car ce marchand ne vient ici que pour entendre mon parler.» Et comme le marchand l'interrogeait en lui disant : «Comment te portes-tu, ô jeune fille ?», elle regarda modestement par terre et, doucement, répondit : «O vieillard vénérable, tu m'interroges sur mon état, et mon état ne peut être souhaité au pire de tes ennemis ! Mais toute personne porte sa destinée attachée à son cou, dit notre Prophète Mohammed ? que sur lui soient la prière et la paix d'Allah !» Lorsque le marchand eut entendu ces paroles, il fut émerveillé à la limite de l'émerveillement et sa raison s'envola de joie, et il se dit : «Certes ! je suis sûr, maintenant, bien que je n'aie pas encore vu ses traits, qui doivent être ravissants, que j'en tirerai ce que je voudrai du roi Omar Al-Némân !» Puis il se tourna vers le Bédouin et ne put s'empêcher de lui dire : «Cette esclave est admirable ! Combien en demandes-tu ?» A ces paroles, le Bédouin, furieux, s'écria : «Comment oses-tu dire qu'elle est admirable, alors qu'elle est la plus vile des créatures ? Ne sais-tu que maintenant elle va s'imaginer qu'elle est vraiment admirable, et que je ne pourrai plus avoir d'autorité sur elle ? Va-t-en ! je ne veux plus la vendre !» Alors le marchand comprit que le Bédouin était une brute absolue et qu'aucun raisonnement ne pouvait avoir de prise sur lui. Aussi il le prit autrement et essaya de tourner la difficulté et dit : «O cheikh des Bédouins, je l'accepte pourtant, bien qu'elle soit la plus vile des créatures, et je l'achète malgré ses tares !» (à suivre...)