Résumé de la 50e partie n Couvertes de pierres précieuses et de paillettes d?or, Nôzhatou fut menée par le marchand chez le prince Scharkân. Alors le prince Scharkân lui dit : «Hâte-toi de me le montrer !» Et le marchand sortit et revint en conduisant Nôzhatou par la main et la plaça debout devant le prince. Mais le prince Scharkân fut loin de reconnaître en cette merveille sa s?ur Nôzhatou qu'il avait laissée toute jeune à Bagdad et qu'il n'avait d'ailleurs jamais vue, étant donné la jalousie qu'il avait ressentie à sa naissance et à celle de son frère Daoul'makân. Et il fut à la limite du ravissement devant cette taille et ces formes admirables, et surtout lorsque le marchand eut ajouté : «La voilà, cette chose incomparable, l'unique de son siècle. Mais, outre la beauté qui lui est un don naturel, elle possède toutes les vertus et elle est versée dans toutes les sciences religieuses, civiles, politiques et mathématiques. Et elle est prête à répondre à toutes les questions des plus grands savants de Damas et de l'empire !» Aussi le prince Scharkân n'hésita pas un instant et dit au marchand : «Dis au trésorier de t'en payer le prix et laisse-la-moi, et va en paix !» Alors le marchand lui dit : «O prince valeureux, cette jeune fille, dans ma pensée, était primitivement destinée au roi Omar Al-Némân, ton père ; et je ne venais te voir que pour te prier de me donner une lettre de recommandation pour lui ; mais, puisqu'elle te plaît, qu'elle reste ici. Et ton désir est sur ma tête et dans mes yeux ! Mais, en retour, je te prierai seulement de me donner le droit de franchise désormais pour toutes mes marchandises, et le privilège de ne jamais plus payer d'impositions d'aucune sorte.» Alors Scharkân lui dit : «Je te l'accorde. Mais en outre, dis-moi ce que la jeune fille t?a coûté, pour qu'à mon tour je t'en fasse rembourser le prix.» Et le marchand dit : «Elle m'a coûté cent mille dinars d'or ; et elle a sur elle pour cent mille autres dinars d'or.» Et Scharkân aussitôt fit appeler son trésorier et lui dit : «Paye tout de suite à ce vénérable cheikh deux cent mille dinars d'or et, en plus, cent vingt mille autres. En outre, donne-lui la plus belle robe d'honneur de mes armoires. Et que dorénavant on sache qu'il est le protégé de ma puissance et que nulle imposition ne doit jamais plus lui être réclamée.» Ensuite le prince Scharkân fit venir les quatre grands kâdis de Damas et leur dit... Mais à ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Elle dit : «Vous m'êtes témoins que, dès cet instant, j'affranchis et libère cette jeune esclave, que je viens d'acheter, et que j'en fais mon épouse.» Alors les quatre kâdis se hâtèrent d'écrire le certificat d'affranchissement et ils écrivirent ensuite le contrat de mariage et le scellèrent de leur sceau. Et le prince Scharkân ne manqua pas, dans sa générosité, de distribuer une grande quantité d'or à tous les assistants, pour fêter sa joie, et il en jeta à pleines mains des poignées qui s'éparpillèrent et furent ramassées par les serviteurs et les esclaves. Alors, le prince Scharkân congédia tous les assistants et ne garda dans la salle que les quatre grands kâdis et le marchand. Et il se tourna vers les kadis et leur dit : «Maintenant, je veux que vous écoutiez les paroles que cette jeune fille va nous dire pour nous donner une preuve de son éloquence et de son savoir et pour que vous contrôliez les affirmations de ce vieux marchand.» Et les kâdis répondirent : «Nous écoutons et nous obéissons !» Alors le prince Scharkân fit tomber un grand rideau au milieu de la salle, et plaça la jeune fille derrière pour qu'elle ne fût pas gênée et qu'elle pût se mettre à son aise et parler sans être vue par des hommes étrangers. (à suivre...)