Huit mille ans avant l?apparition de la novocaïne, les hommes préhistoriques avaient déjà à affronter la peur du dentiste et à se laisser percer des trous dans l?émail de leurs dents. En effet, sur les squelettes de trois femmes, de deux hommes et de trois autres individus au sexe indéterminé découverts dans un ancien cimetière du Pakistan, des archéologues ont retrouvé des dents présentant des cavités, visiblement creusées par de petits outils de pierre ou d?os. Les interventions dentaires pratiquées sur ces individus remonteraient à 9 000 ans, soit 30 siècles avant les plus anciennes traces de soins de ce type retrouvées jusque-là. Dans un article paru récemment dans la revue Nature, les archéologues ajoutent que l?usure manifeste des dents opérées confirme que les cavités ont été creusées bien avant la mort des patients. Par ailleurs, il ne peut pas non plus s?agir de décorations, car les soins ont été pratiqués sur des molaires et des prémolaires, donc tout au fond de la bouche. Les pauvres individus passés entre les mains des dentistes préhistoriques avaient manifestement des caries ou des infections de la mâchoire. L?un d?eux s?était vu creuser trois cavités, et la «fraise» du praticien était passée à trois reprises sur la dent d?un autre. Un chercheur de l?université de Poitiers, en France, estime que ces opérations devaient être extrêmement douloureuses. Les cavités creusées dans les dents des malades mesurent de 1 à 3 millimètres de diamètre, et entre 0,5 et 3,5 millimètres de profondeur. Combien de temps duraient ces interventions ? Selon les archéologues, qui ont reconstitué l?opération, probablement pas plus d?une minute. Mais une minute d?atroce souffrance?