Alors que le gouvernement campe sur ses positions concernant la non-revalorisation des salaires, les prix des produits de première nécessité ne cessent d?augmenter. Le sucre est le premier produit à connaître une hausse de près de 80%, pour la troisième fois depuis l?entrée en vigueur de l?Accord d?association avec l?UE. Le ministre du Commerce impute cette situation aux bouleversements qu?a subis le marché mondial : «Le Brésil, premier producteur mondial, a décidé de consacrer 60% de la canne à sucre à la production de carburant (l?éthanol). Les récoltes, à Cuba et en Thaïlande, ont subi un coup dur à la suite de l?ouragan qui les a touchés à l?automne dernier.» L?Algérie, en tant que pays consommateur, n?a donc qu?à subir les fluctuations de la Bourse mondiale. Le ministre de l?Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a indiqué, en marge de la visite du Président dans la capitale, en début de semaine, que la flambée des prix des fruits et légumes est due à l?anarchie caractérisant leur commercialisation. «Il s?agit d?un problème de régulation des marchés et du nombre insuffisant de marchés de gros au niveau national», a-t-il expliqué, assurant toutefois que les prix connaîtront une baisse dans deux ou trois semaines avec l?arrivée des nouvelles récoltes. Répondant à une question sur le risque de voir les produits agricoles étrangers inonder le marché national, le ministre a affirmé qu?«avec l?accord signé avec l?Union européenne et la prochaine adhésion de l?Algérie à l?OMC, nous devons nous attendre à une telle éventualité». Une contradiction qui intrigue le simple citoyen. L?Algérie, qui a réussi à exporter des quantités importantes de pommes de terre, n?arrive pas à satisfaire, depuis un an, les besoins du marché national ou à réguler l?activité commerciale. Saïd Barkat a affirmé que la production nationale en fruits et légumes est suffisante. Cela n?a pas pour autant empêché l?envolée des prix? «Nos responsables trouvent toujours des justifications pour nous empoisonner l?existence avec les coûts excessifs de nos besoins élémentaires, et d?un autre côté, ils veulent nous convaincre que la revalorisation des salaires porte préjudice au budget de l?Etat?», déplorent des citoyens rencontrés dans un café de Bab El-Oued.