Coutumes n Autrefois, le choix d?un prénom était motivé par diverses considérations. Si aujourd?hui on choisit les prénoms en fonction de leur valeur esthétique ou alors pour leur force symbolique, ce choix, autrefois, était déterminé par toutes sortes de conditions. Quand un parent proche venait de décéder, on donnait automatiquement son nom à l?enfant qui naissait : le grand père s?appelait Omar, le premier petit-fils portera systématiquement ce prénom. On n?avait pas le choix : c?était une sorte de droit des morts de voir leur nom perpétué par un descendant. Et quand un parent n?avait pas d?enfant mâle pour porter son nom, le devoir incombait à son parent le plus proche, cousin, neveu, etc. L?essentiel était de ne pas le laisser «mourir», c'est-à-dire tomber dans l?oubli. Cette tradition s?est d?ailleurs perpétuée dans de nombreuses familles algériennes, notamment à la campagne, ce qui explique la survivance de vieux prénoms. Quand il n?y avait pas de nom à perpétuer, on choisissait le plus souvent des prénoms de bon augure pour influencer le destin de l?enfant : c?est ce qui explique l?abondance des prénoms comme Rabah (gagnant, bénéficiaire), Nafaâ (utile), Mebrouka (bienvenue), Ferhat (joies), Saïd (heureux), etc. Les Algériens pieux se rappellent cette parole du Prophète Mohammed qui incitait les parents à donner à leurs enfants de jolis prénoms, parce que c?est par lesdits prénoms que les gens seront appelés au jour du Jugement dernier. Mais pour protéger les enfants du mauvais ?il ou des démons qui guettent dans l?ombre l?occasion de leur faire du mal, les parents peuvent choisir volontairement des prénoms déplaisants, comme Lakhal (noir) ou son équivalent berbère Akli ; il y a même des noms irrévérencieux comme Lkhamedj (le sale) ou Lemtayech (le rebut), dans le but de tromper les gens ou les esprits malfaisants en leur faisant croire que l?enfant est sans importance et que par conséquent, il ne faut pas s?intéresser à lui ! Des considérations d?ordre religieux peuvent aussi présider au choix d?un prénom : l?enfant reçoit le nom d?un saint sous la protection duquel on le met, à moins qu?il ne s?agisse du saint fondateur de la confrérie à laquelle on appartient (Abdelkader, Tidjani, etc.) Comme le prénom est un élément symbolisant une personne, on évitait, au sein de la même famille, de donner le même prénom. Selon une croyance, quand le fait se produit, il arrive malheur à l?une des personnes, généralement le dernier venu, parce qu?il se pose en rival du premier. D?ailleurs, il n?est pas bon que deux personnes de la même famille portent le même prénom à cause des confusions qui risquent de se produire au moment du partage de l?héritage ou lorsqu?il s?agit d?établir les filiations. Dans cette histoire de prénoms, les enfants, qui sont trop jeunes, ne sont pas consultés et c?est seulement une fois devenus grands qu?ils peuvent apprécier ou rejeter le prénom qui leur a été donné. Mais on dit que certains nouveau-nés refusent leurs prénoms et le font entendre à leurs géniteurs? (à suivre...)