Comme toute chose, les prénoms évoluent : si beaucoup restent inchangés depuis des générations (c?est ce qui permet à une tradition onomastique de subsister), un certain nombre de noms connaissent une régression, prélude à une disparition. Ainsi, par exemple, des prénoms comme Aïni, de ?aïn (?il et, par extension, fontaine, symbole d?abondance et de pureté) ou El-Amri, de a?âmar (peupler, rendre fertile, etc.) ne sont que rarement utilisés parce que sentis, par les jeunes générations comme vieillis ou «peu esthétiques». En réalité, beaucoup de prénoms anciens sont toujours employés, même si on les trouve vieillis ou inesthétiques. C?est que le choix d?un prénom n?est pas toujours libre : dans beaucoup de familles, il y a la nécessité de réutiliser, «pour les faire revivre», dit-on, les prénoms des parents disparus ; dans d?autres, c?est le préalable de l?augure qui domine (donner un nom porte-bonheur) ou alors des traditions mystiques (donner le nom d?un saint), etc. C?est ce qui explique la persistance de prénoms comme Mohand Akli en Kabylie ou Tidjani dans les régions où la confrérie Tidjania a des adeptes. Il y a aussi les prénoms «régionaux», c'est-à-dire spécifiques à des régions, qu?on continue à utiliser par tradition : c?est le cas de Houari et de Bousif en Oranie, Doudja et Khdiwedj (variante de Khadidja) à Alger, de Kheir dans l?Est algérien, etc.