Failles n En l?absence de textes de lois sommant les parents démissionnaires à prendre leurs responsabilités, les services de police n?ont d?autre choix que de faire appel aux assistantes sociales. Le mineur délinquant ne doit pas être perçu comme un criminel, mais plutôt comme quelqu?un de vulnérable et en danger moral, nous explique Mme Amel Khadraoui, responsable de la Brigade de la protection de l?enfance et de lutte contre la délinquance juvénile. Pour les auditionner, la loi exige la présence d?un tuteur légal, à savoir le père ou la mère, et à défaut, une assistante sociale. Le jeune sera par la suite soumis à une consultation générale du médecin légiste, afin de déterminer toute anomalie. Il peut présenter des traces de violences ou des troubles psychiques dus à l?emprise de la drogue. Ces éléments sont, pour les services de police, des indicateurs pour mieux cerner les faits du délit. Les mineurs sont rarement placés en garde à vue, sauf par mesure de protection ou en cas de crime, précise Mme Khadraoui. «Le tuteur doit, toutefois, se porter garant et s?engager à le présenter au juge une fois convoqué. Et c?est à ce niveau que notre travail prend fin, car c?est au juge des mineurs qu?il appartient de décider du sort du jeune délinquant. Le contentieux entre la victime et l?accusé peut être réglé à l?amiable et, le cas échéant, le jeune est placé dans un centre de rééducation ou un des centres de réinsertion qui sont sous tutelle du ministère de la Solidarité», a-t-elle indiqué. Il reste, cependant, à mettre en exergue les difficultés de cette brigade à convaincre les parents à assumer leurs responsabilités. «Notre travail a besoin de la contribution de toute la société et plus particulièrement des parents pour pouvoir récupérer ces jeunes et éviter qu?ils récidivent. Mais que faire devant des parents démissionnaires qui ne se soucient guère de l?avenir de leurs enfants ? Ils refusent de les écouter, de comprendre leurs difficultés et encore moins de les prendre en charge», s?indigne notre interlocutrice. Ils viennent, dans leur grande majorité, de l?Est du pays suivi de l?Ouest et enfin d?Alger et de sa périphérie. Il ne faut pas oublier, rappelle Mme Khadraoui, qu?un garçon de 14 ans, dans certaines régions de l?intérieur, est considéré comme un jeune homme majeur. Il doit impérativement participer au budget familial, «ce qui pousse un nombre important d?entre eux à venir à Alger dans l?espoir de trouver un travail et subvenir aux besoins de toute une famille». Et d?ajouter : «Un enfant est infiniment malléable, plus facile à manipuler. Après avoir passé quelques jours dans la rue, il se mettra, inévitablement, à la recherche d?un groupe pour s?identifier et c?est là que commence sa délinquance.» Il est utile de signaler, également, que le garçon a plus de chance de regagner sa famille après avoir passé des années dans la rue et avoir commis les pires délits, contrairement à la fille qui se voit reniée, dès lors qu?elle a franchi le seuil de la maison familiale.