Résumé de la 116e partie n Un plan de guerre — qui se résume à un duel singulier — a été proposé par le roi Aphridonios. Il croisera le fer avec Scharkân. Mais il n'avait pas encore fini de parler qu'en face de lui était déjà le prince Scharkân, monté sur un cheval alezan qui valait plus de mille pièces d'or rouge et était sellé d'une selle de brocart toute brodée de perles et de pierreries ; et il tenait à la main un glaive indien niellé d'or, à la lame capable de trancher l'acier et de niveler toutes choses difficiles. Et il poussa son cheval tout contre celui d'Aphridonios et cria à ce dernier : «Garde à toi, ô maudit ! Me prendrais-tu donc pour un de ces jeunes hommes à la peau de jeune fille, dont la place ne serait pas un champ de bataille ! Voici mon nom, ô maudit !» Et, sur ces paroles, Scharkân, de son glaive tournoyant, assena un coup terrible à son adversaire qui, d'une volte de son cheval, réussit à se garer. Puis tous deux, s'élançant l'un sur l'autre, parurent telles deux montagnes se rencontrant ou deux mers s'entrechoquant. Puis ils s'éloignèrent et se rapprochèrent pour se séparer encore et revenir ; et ils ne cessèrent de se donner des coups et de les parer, sous les yeux des deux armées qui tantôt criaient que la victoire était à Scharkân et tantôt qu'elle était au roi des Roum, jusqu'au coucher du soleil, sans que de part ou d'autre il y eut un résultat. Mais au moment même où l'astre allait disparaître, soudain Aphridonios cria à Scharkân : «Par le Christ ! Regarde derrière toi, champion de la défaite, héros de la fuite ! Voici qu'on t'amène un nouveau cheval pour lutter avantageusement contre moi qui garde toujours le mien ! C'est là une coutume d'esclaves et non de guerriers valeureux ! Par le Christ ! ô Scharkân, tu es au-dessous des esclaves !» A ces paroles, Scharkân, au comble de la rage, se retourna pour voir ce qu'était ce cheval dont lui parlait le chrétien ; mais il ne vit rien venir. Or, c'était là une ruse du maudit chrétien qui, profitant de ce mouvement qui mettait Scharkân à sa merci, brandit son javelot et le lui lança dans le dos. Alors Scharkân poussa un cri terrible, un seul cri, et tomba sur le pommeau de sa selle. Et le maudit Aphridonios, le laissant pour mort, lança son cri de victoire et de traîtrise et galopa vers les rangs des chrétiens. Mais aussitôt que les musulmans virent Scharkân tomber, le visage sur le pommeau de la selle, ils accoururent à son secours ; et les premiers qui arrivèrent à lui furent... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, s'arrêta dans son récit. Le soir venu, elle dit : Les premiers qui arrivèrent à lui furent le vizir Dandân et les émirs Rustem et Bahramân. Et ils le soulevèrent dans leurs bras et se hâtèrent de le porter sous la tente de son frère, le roi Daoul'makân, qui était à la limite extrême de la rage, de la douleur et du désir de vengeance. Et aussitôt on fit appeler les médecins et on leur donna Scharkân ; puis tous les assistants éclatèrent en sanglots et passèrent toute la nuit autour du lit où était étendu le héros évanoui. Mais vers la matin arriva le saint ascète qui entra près du blessé et lut sur sa tête quelques versets du Coran et lui fit l'imposition des mains. Alors Scharkân poussa un long soupir et ouvrit les yeux et ses premières paroles furent un remerciement pour le Clément qui lui permettait de vivre. Puis il se tourna vers son frère Daoul'makân et lui dit : «Il m'a blessé en traître, le maudit. Mais, grâce à Allah, le coup n'est pas mortel. Où est le saint ascète ?» (à suivre...)