Résumé de la 72e partie n Le grand chambellan voit ses ambitions grandir. L?esclave qu?il a épousée n?est autre que la fille du roi Omar Al-Némân. La caravane approche de Bagdad. Alors le chambellan donna les ordres nécessaires à l'eunuque qui répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et, en effet, il se hâta de prendre avec lui quelques-uns des gens de la suite du chambellan et alla avec eux à la recherche du chauffeur. Et il finit par le trouver tout à fait à la queue de la caravane, tremblant de peur, en train de seller son âne pour s'échapper au plus vite de cet endroit où on lui avait pris son jeune ami Daoul'makân. Aussi à la vue de l'eunuque et des esclaves qui soudain avaient couru à lui et l'avaient entouré, il se sentit mourir et son teint jaunit et ses genoux s'entrechoquèrent et tous ses muscles frémirent de terreur. Et il ne douta plus que Daoul'makân, pour se disculper, ne l'eût indiqué à la vindicte de l'épouse du chambellan. Car aussitôt l'eunuque lui cria : «O menteur !...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Elle dit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que l'eunuque cria au terrifié chauffeur : «O menteur ! pourquoi m'avoir dit que, non seulement tu n'avais pas chanté les vers, mais que tu ne savais même pas qui les avait chantés. Or, nous savons bien maintenant que le chanteur était ton propre compagnon. Aussi sache bien que, d'ici à Bagdad, je ne te quitte plus d'un pas ; et tu subiras, à notre arrivée, le même sort que ton compagnon !» A ces paroles de l'eunuque, l'effaré chauffeur se mit à se lamenter et pensa en lui-même : «Voici que je vais éprouver juste ce que je voulais tant éviter !» Et l'eunuque dit aux esclaves : «Prenez-lui cet âne, et donnez-lui ce cheval !» Et les esclaves, malgré les larmes du pauvre chauffeur, prirent l'âne, et l'obligèrent lui-même à monter un magnifique cheval d'entre les chevaux du chambellan. Puis l'eunuque leur dit en particulier : «Vous allez être, durant tout le voyage, les gardes de ce chauffeur ; et chaque cheveu perdu de sa tête sera la perte de l'un de vous ! Ayez donc pour lui toutes sortes d'égards et soyez attentifs à ses moindres besoins !» Aussi lorsque le chauffeur se vit ainsi gardé par tous ces esclaves, il ne douta plus de sa mort ; puis il dit à l'eunuque : «O capitaine généreux, je te jure que ce jeune homme n'est ni mon frère ni mon parent, car je suis seul au monde, et je suis un pauvre chauffeur d'entre les chauffeurs de hammam. Mais j'ai trouvé ce jeune homme étendu mourant sur les déchets et les morceaux de bois à la porte du hammam, et je l'ai ramassé pour Allah ! Et je n'ai rien fait qui mérite de châtiment !» Puis il se mit à pleurer et à penser mille pensées plus troublantes les unes que les autres, tandis que la caravane avançait, et que l'eunuque marchait à côté de lui et s'amusait à ses dépens en lui disant de temps en temps : «Tu as troublé le sommeil de notre maîtresse avec tes maudits vers, toi et ce jeune homme ; et tu n'avais guère l'air effrayé à ce moment-là !» (à suivre...)