Résumé de la 71e partie n Nôzhatou pousse un grand cri, car elle a reconnu son frère. Daoul'makân regarde la jeune femme et reconnaît également sa s?ur. Et ils se jettent dans les bras l'un de l'autre. Alors Nôzhatou dit : «Si Allah veut, nous saurons reconnaître ses bons services, autant qu'il sera en notre pouvoir !» Ensuite Nôzhatou appela l'eunuque qui accourut aussitôt et baisa la main de Daoul'makân et se tint debout devant lui ; alors Nôzhatou lui dit : «Bon serviteur au visage de bon augure, comme c'est toi le premier qui m'as annoncé la bonne nouvelle, tu vas garder pour toi la bourse que je t'ai donnée avec les mille dinars qu'elle contient. Mais cours vite prévenir ton maître que je désire le voir !» Alors l'eunuque, fort réjoui de tout cela, se hâta d'aller prévenir son maître le chambellan, qui ne tarda pas à arriver sous la tente de son épouse. Et il fut au comble de la surprise de voir chez elle un jeune homme étranger et, de plus, au milieu de la nuit. Mais Nôzhatou se hâta de lui raconter leur histoire depuis le commencement jusqu'à la fin et ajouta : «C'est ainsi, ô chambellan vénérable, qu'au lieu d'épouser en moi une esclave comme tu le croyais, tu as épousé la fille même du roi Omar Al-Némân, Nôzhatou'zamân ! Et voici mon frère Daoul'makân !» Lorsque le grand chambellan eut entendu cette histoire extraordinaire, dont il ne mit pas en doute la véracité un seul instant, il fut à la limite de la dilatation de se savoir devenu le gendre même du roi Omar Al-Némân ; et il pensa en lui-même : «Cela va me faire devenir au moins gouverneur d'une province d'entre les provinces !» Puis il s'approcha respectueusement de Daoul'makân et lui présenta ses compliments et félicitations pour la délivrance de tous ses maux et pour sa réunion à sa s?ur. Et aussitôt il voulut donner l'ordre aux serviteurs de dresser une seconde tente pour y loger son nouvel hôte ; mais Nôzhatou lui dit : «La chose est maintenant inutile, car nous ne sommes plus qu'à une faible distance de notre pays ; et d'ailleurs comme il y a un long temps que moi et mon frère ne nous sommes vus, nous allons être très heureux d'habiter sous la même tente et de nous rassasier de la vue l'un de l'autre avant l'arrivée.» Et le chambellan répondit : «Que cela soit fait selon tes désirs !» Puis il sortit pour les laisser librement s'épancher, et il leur envoya des flambeaux, des sirops, des fruits et toutes sortes de douceurs et de confitures dont il avait pris soin de charger deux mulets et un chameau, avant de quitter Damas, pour les distribuer comme cadeaux aux personnages de Bagdad en réponse aux souhaits de bienvenue. Et il envoya à Daoul?makân trois habillements complets des plus somptueux, et il fit apprêter un magnifique dromadaire de race tout harnaché de housses aux longues tresses multicolores. Puis il se mit à se promener de long en large devant sa tente, la poitrine dilatée d'aise, tout à la pensée de l'honneur qui lui venait d'Allah et de son importance présente et de sa grandeur future. Puis, le matin venu, le chambellan se hâta d'aller sous la tente de son épouse saluer son beau-frère. Et Nôzhatou lui dit : «Il ne faut pas oublier le chauffeur du hammam ni omettre de dire à l'eunuque de lui préparer une bonne monture, et de prendre soin de lui en le servant au déjeuner et au dîner. Et surtout, il faut qu'il ne s'éloigne pas de nous !» (à suivre...)