Résumé de la 87e partie n Les belles paroles des femmes n'étaient qu'un avertissement à Daoul'makân dont la fin des jours de son père est un exemple édifiant. Mais la mère du nouveau roi est partie avec celles qui ont assassiné son père. Le papier retrouvé dans la cellule du roi Al-Némân disait encore : «Puis il la donna à un esclave noir qui lui fit subir les pires outrages et la tua ! Et maintenant, à cause de cet acte indigne d'un roi, le roi Omar Al-Némân n'est plus. Et moi qui l'ai tué, je suis la courageuse, la vengeresse dont le nom est Mère-des-Calamités ! Et non seulement, ô vous tous, infidèles qui me lirez, j'ai tué votre roi, mais j'ai emmené la reine Safîa, la fille du roi Aphridonios de Constantinia ; et je vais la rendre à son père ; et puis nous reviendrons tous en armes vous assaillir et ruiner vos maisons et vous exterminer tous jusqu'au dernier ! Et il n'y aura plus sur la terre que nous, les chrétiens, qui adorons la Croix !» Lorsque nous eûmes lu ce papier, nous comprîmes toute l'horreur de notre calamité et nous nous frappâmes le visage de nos mains et nous pleurâmes longtemps. Mais à quoi devaient nous servir nos larmes, puisque l'irréparable était accompli ? Et c'est alors, ô roi, que l'armée et le peuple furent en désaccord pour l'élection du successeur du défunt roi Omar Al-Némân. Et ce désaccord dura un mois entier, au bout duquel, comme on n'avait aucune nouvelle de ton existence, on résolut d'aller élire le prince Scharkân, à Damas. Mais Allah te mit sur notre chemin, et il arriva ce qui arriva ! Et telle est, ô roi, la cause de la mort de ton père, le roi Omar Al-Némân ! Lorsque le grand vizir Dandân eut fini le récit de la mort du roi Omar Al-Némân, il tira son mouchoir et s'en couvrit les yeux et se mit à pleurer. Et le roi Daoul'makân et la reine Nôzhatou, qui était derrière le rideau de soie, se mirent aussi à pleurer, ainsi que le grand chambellan et tous ceux qui étaient là. Mais le chambellan, le premier, sécha ses larmes et dit à Daoul'makân : «O roi, en vérité ces larmes ne peuvent plus servir à rien. Et il ne te reste plus qu'à prendre courage et à te raffermir le cœur pour veiller aux intérêts de ton royaume. Et d'ailleurs ton défunt père continue à vivre en toi, car les pères vivent dans les enfants dignes d'eux !» Alors Daoul'makân cessa de pleurer et se prépara à tenir la première séance de son règne. A cet effet, il s'assit sur son trône, sous la coupole et le chambellan se tint debout à ses côtés et le vizir Dandân devant lui et les hommes d'armes derrière le trône ; et les émirs et les grands du royaume se placèrent chacun selon son rang. Alors le roi Daoul'makân dit au vizir Dandân : «Dénombre-moi le contenu des armoires de mon père.» Et le vizir Dandân répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et il énuméra tout ce que contenaient les armoires du trésor en argent, en richesses et en joyaux ; et il lui en remit la liste détaillée. Alors le roi Daoul'makân lui dit : «O vizir de mon père, tu continueras à être également le grand vizir de mon règne.» Et le vizir Dandân baisa la terre entre les mains du roi et lui souhaita longue vie. Ensuite le roi dit au chambellan : «Quant à ce qui est des richesses que nous avons apportées avec nous de Damas, il faut les distribuer à l'armée.» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. (à suivre...)