A la poste, à la mairie, au tribunal, à la Cnas, à la Caisse de retraite, personne ne se rend par plaisir. Seule la nécessité oblige, en effet, les citoyens à faire le déplacement dans ces endroits froids et très peu accueillants. Renfrognés, maussades, les préposés aux guichets donnent souvent l?impression de détester souverainement leur métier, d?en vouloir au monde entier d?être là, en particulier aux citoyens qui leur font face et auxquels ils n?hésitent jamais à montrer leurs sentiments peu amènes. Ils bénéficient peut-être de circonstances atténuantes : mal vie, mauvaise paie, mauvais rapports avec les responsables? De leur côté, les citoyens, très souvent épuisés par une longue course dans les méandres de la bureaucratie et une longue attente dans des bureaux poussiéreux, sont peu enclins à la compréhension. Il suffit alors d?une étincelle pour déclencher parfois une querelle qui peut aller très loin. Le climat s?échauffe. Les uns et les autres expriment leur frustration, leur ras-le-bol et quand les esprits s?apaisent enfin, citoyens et agents d?administration se retirent penauds, chacun dans son camp, avec, parfois, un sentiment de honte de s?être laissé aller. Cela n?empêchera pas les mêmes scènes de se répéter tant que la bureaucratie sera aussi lourde et les passe-droits aussi répandus.