Résumé de la 39e partie n Kanmakân remonte sur le trône dont il avait été spolié. Pour venger son père, il part en guerre contre les Roum. Et le jeune homme et la femme demandèrent l'audience, qui aussitôt leur fut accordée. Mais à peine étaient-ils entrés que Nôzhatou poussa un grand cri et tomba évanouie, et la femme aussi poussa un grand cri et tomba évanouie. Et, quand elles furent revenues de leur évanouissement, elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre en s'embrassant : car la femme n'était autre que l'ancienne esclave de la princesse Abriza, la fidèle Grain-de-Corail ! Puis Grain-de-Corail se tourna vers le roi Kanmakân et lui dit : «O roi, je vois que tu portes au cou une gemme précieuse blanche et arrondie ; et la princesse Nôzhatou en porte également une au cou. Or, tu sais que la reine Abriza avait la troisième. Et cette troisième la voici !» Et la fidèle Grain-de-Corail, se tournant vers le jeune homme qui était entré avec elle, montra, attachée à son cou, la troisième gemme ; puis, les yeux éclairés de joie, elle s'écria : «O roi, et toi, ma maîtresse Nôzhatou, ce jeune homme est le fils de ma pauvre maîtresse Abriza. Et c'est moi-même qui l'ai élevé depuis sa naissance. Et c'est lui-même, ô vous tous qui m'écoutez, qui est à l'heure présente le roi de Kaïssaria, Roumzân fils d'Omar Al-Némân. C'est donc ton frère, ô ma maîtresse Nôzhatou, et ton oncle à toi, ô roi Kanmakân !» A ces paroles de Grain-de-Corail, le roi Kanmakân et Nôzhatou se levèrent et embrassèrent le jeune roi Roumzân en pleurant de joie ; et le vizir Dandân également embrassa le fils de son maître le roi Omar Al-Némân (qu'Allah l'ait en sa miséricorde infinie). Puis le roi Kanmakân demanda au roi Roumzân, maître de Kaïssaria : «Dis-moi, ô frère de mon père, tu es le roi d'un pays chrétien et tu vis au milieu des chrétiens ! Serais-tu aussi Nousrani ?» Mais le roi Roumzân étendit la main et, levant son index, il s'écria : «La ilah ill'Allah, oua Mohammed rassoul Allah !» Alors la joie de Kanmakân, de Nôzhatou et du vizir Dandân fut à sa limite extrême, et ils s'écrièrent : «Louanges à Allah qui choisit les siens et les réunit !» Puis Nôzhatou demanda : «Mais comment as-tu pu être guidé dans la voie droite, ô mon frère, au milieu de tous ces mécréants qui ignorent Allah et ne connaissent point son Envoyé ?» Il répondit : «C'est la bonne Grain-de-Corail qui m'a inculqué les principes simples et admirables de notre foi ! Car elle était elle-même devenue musulmane, en même temps que ma mère Abriza, lors de leur séjour à Bagdad, dans le palais de mon père le roi Omar Al-Némân. Aussi Grain-de-Corail a été pour moi non seulement celle qui m'a recueilli à ma naissance et m'a élevé et m'a tenu lieu de mère en toute chose, mais celle également qui a fait de moi un vrai Croyant dont la destinée est entre les mains d'Allah Le Maître des rois !» A ces paroles, Nôzhatou fit asseoir Grain-de-Corail à côté d'elle sur le tapis et la voulut considérer désormais comme sa sœur. Quant à Kanmakân, il dit à son oncle Roumzân : «O mon oncle, c'est à toi que revient, par droit d'aînesse, le trône de l'empire des musulmans. Et dès cette minute, je me considère comme ton fidèle sujet.» Mais le roi de Kaïssaria dit : «O mon neveu, ce qu'Allah a fait est bien fait ! Comment oserais-je songer à troubler l'ordre établi par l'Ordonnateur !» A ce moment, intervint le grand vizir Dandân qui leur dit : «O rois, la plus juste idée est que vous régniez à tour de rôle chacun un jour, restant rois tous deux !» Et ils répondirent : «Ton idée est admirable, ô vénérable vizir de notre père !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Lorsque fut la cent quarante-quatrième nuit, elle dit : …Et ils répondirent : «Ton idée est admirable, ô vénérable vizir de notre père !» Et ils convinrent entre eux de la chose. (à suivre...)