Résumé de la 88e partie n Le royaume de Daoul'makân est menacé d'anéantissement par la nommée Mère-des-Calamités. Le jeune roi est confronté à sa première épreuve. Alors le chambellan ouvrit les caisses qui contenaient les richesses et les somptuosités apportées de Damas ; il n'en garda absolument rien et les distribua toutes aux soldats en donnant les plus belles choses aux chefs de l'armée. Et tous les chefs baisèrent la terre entre ses mains et firent des vœux pour la vie du roi et se dirent entre eux : «Jamais nous n'avons vu pareille générosité !» Et c'est alors seulement que le roi Daoul'makân donna le signal du départ ; et on leva aussitôt les campements ; et le roi, à la tête de son armée, fit son entrée dans Bagdad. Et tout Bagdad était décoré ; et tous les habitants étaient massés sur les terrasses ; les femmes, sur le passage du roi, lançaient des cris de joie aigus. Et le roi monta dans son palais, et la première chose qu'il fit fut d'appeler le scribe principal et de lui dicter une lettre destinée à son frère Scharkân, à Damas. Cette lettre contenait la narration détaillée de tout ce qui était arrivé du commencement à la fin. Et elle concluait, en substance, par ceci : «Et nous te prions, ô notre frère, au reçu de notre lettre, de faire les préparatifs nécessaires et de rassembler ton armée et de venir unir tes forces aux nôtres, pour aller ensemble faire la guerre sainte aux infidèles qui nous menacent, et venger la mort de notre père et laver la tache qui doit être lavée !» Puis il plia la lettre et la cacheta lui-même de son cachet et appela le vizir Dandân et lui remit la lettre en disant : «Il n'y a que toi seul, ô grand vizir, qui sois capable de remplir une mission aussi délicate auprès de mon frère. Et tu sauras lui parler très gentiment et très doucement et tu lui diras bien ceci de ma part : ”Je suis tout prêt à te céder le trône de Bagdad et à être à ta place gouverneur de Damas.”» Alors le vizir Dandân se prépara immédiatement au départ ; et le soir même il partit pour Damas. Or, pendant son absence, deux choses extrêmement importantes eurent lieu au palais du roi Daoul'makân. La première est que Daoul'makân fit venir son ami le vieux chauffeur du hammam, et le combla d'honneurs et de grades, et lui donna, pour lui seul, un palais qu'il fit tendre des plus beaux tapis de la Perse et du Khorassân. Mais il sera parlé longuement, dans le courant de cette histoire, de ce bon chauffeur du hammam. Quant à la seconde chose, c'est celle-ci : un cadeau consistant en dix jeunes esclaves blanches arriva au roi Daoul'makân de la part de l'un de ses féaux. Or, l'une d'entre ces jeunes filles, dont la beauté défiait tout discours, plut beaucoup au roi Daoul'makân qui, aussitôt, la prit et l'engrossa. Mais nous reviendrons sur cet événement, dans le courant de cette histoire. Quant au vizir Dandân, il fut bientôt de retour et annonça au roi que son frère Scharkân avait très favorablement écouté sa demande et qu'il s'était mis en route, à la tête de son armée, pour répondre à cet appel. Et le vizir ajouta : «Aussi faut-il maintenant sortir à sa rencontre.» Et le roi répondit : «Mais certainement, ô mon vizir !» Et il sortit de Bagdad, et à peine avait-il fait dresser le campement, à une journée de marche, que le prince Scharkân apparut avec son armée, précédé par ses éclaireurs. (à suivre...)