Dans des morgues improvisées, des cadavres étaient enveloppés dans un simple drap en guise de linceul. De nombreuses ambulances faisaient la queue à l'entrée des hôpitaux. Des centaines de maisons démolies, des rumeurs de tsunami… hier, les souvenirs de Banda Aceh ont hanté l'Indonésie avec ce nouveau séisme dont le bilan ne fait que s'alourdir. Un très violent séisme de magnitude 5,9 sur l'échelle de Richter (6,2 selon l'observatoire de Hongkong) a secouéé l'île de Java tôt ce matin à 05h 53 (22h 53 GMT) faisant, selon un bilan encore provisoire, 2 000 morts et de milliers blessés, selon des responsables locaux et des secouristes. Ces chiffres ne prenaient pas en compte les personnes encore ensevelies sous les décombres de bâtiments détruits. Le décompte des victimes s'alourdissait au fil des minutes. Les médias annonçaient, quelques instants après le séisme, un bilan de 20 morts. Quelques instants plus tard, un responsable de la morgue du principal hôpital de la région avançait, lui, le chiffre de 55 morts et d'une centaine de blessés puis… 115 morts. Entre-temps les ambulances faisaient la queue à l'entrée des établissements sanitaires. La liste macabre ne cesse de s'allonger : 161 morts… 200… 250. La Croix-Rouge déclare presque le double : 443 victimes avant que le gouvernement n'annonce au moins 1 606 morts et des milliers de blessés. Le dernier bilan provisoire donné aux alentours de 9h20 (heure algérienne) fait état d'au moins 1 700 morts. Selon le ministère des Affaires sociales ce bilan «continue à évoluer». Le séisme s'est produit au sud de la grande ville universitaire de Yogyakarta, une 370 maisons au moins se sont écroulées dans cette agglomération réputée zone touristique pour son palais du sultan ainsi que pour ses temples hindouistes et bouddhistes. Beaucoup de victimes étaient originaires d'une zone située à une dizaine de kilomètres au sud de Yogyakarta, selon des témoins qui ont appelé une radio locale. Des centaines de maisons se sont totalement ou partiellement effondrées dans plusieurs districts selon la même radio. Les responsables sanitaires prévoient que le bilan des morts s'alourdisse, alors que des centaines de blessés attendaient de recevoir des soins. Des morgues improvisées recevaient dans les hôpitaux les corps, enveloppés dans un simple drap et alignés à même le sol. L'Indonésie souffre, pour rappel, d'une absence d'infrastructures de santé convenable, particulièrement dans les domaines des urgences hospitalières et de la sécurité civile. Outre les morts, «Il y a des centaines de blessés», a déclaré un élément de la police de la province. Ces derniers étaient conduits à l'hôpital de la ville. Le chef de la police a indiqué que les communications téléphoniques étaient coupées ou instables, ainsi que l'alimentation électrique. Le tremblement de terre a poussé des milliers d'habitants hors de leur domicile, qu'ils ne souhaitaient pas réintégrer avant que la panique soit apaisée. En bord de l'océan Indien, à une trentaine de kilomètres au sud des régions dévastées, des rumeurs de tsunami ont conduit des centaines de familles à fuir.