Extravagance n A la veille du palmarès, un Mexicain bouleverse la donne. Le labyrinthe de Pan, du Mexicain Guillermo Del Toro, a reçu un accueil très favorable samedi et a rejoint Volver, Babel ou Marie-Antoinette au rang de favori potentiel. Dernier film présenté en compétition, Le labyrinthe de Pan a chamboulé les pronostics qui ont établi un tiercé de tête depuis quelques jours. Selon un sondage réalisé auprès de 604 festivaliers avant la projection du Labyrinthe de Pan, Volver de l'Espagnol Pedro Almodovar est en tête des suffrages pour la Palme d'or (21,4%), juste devant Babel du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu (20,7%). Loin derrière on retrouve Marie-Antoinette de l'Américaine Sofia Coppola et Indigènes du Français Rachid Bouchareb. Pour le panel de critiques de la revue, Marie-Antoinette est en tête avec six critiques qui l'ont aimé «à la folie», suivi de Volver et Babel (4 chacun). Le jury présidé par le Hong-Kongais Wong Kar-Wai aura le dernier mot : réuni en conclave dans un lieu secret, il rendra son verdict ce dimanche soir lors de la cérémonie du palmarès, qui commence à 19h 15. Au terme d'une édition annoncée comme un cru de renouvellement, reste à savoir si le jury livrera un palmarès attendu ou tendra vers des choix plus audacieux, qu'illustrerait le sacre du Labyrinthe de Pan. L'action de cette production hispano-mexicaine se déroule en Espagne en 1944, cinq ans après la fin de la guerre civile. La petite Ofélia, dont la mère s'est remarié avec un capitaine franquiste cruel et sadique (Sergi Lopez), rencontre un faune magique dans un labyrinthe situé près du camp militaire où ils vivent. Il lui révèle qu'elle est la princesse d'un royaume souterrain enchanté, qu'elle pourra rejoindre après avoir accompli trois terribles épreuves. Visuellement magnifique et inspiré par des peintres comme Goya, ce conte sombre, qui mêle réalité et fantastique, est une réflexion sur l'imaginaire comme échappatoire à la vilenie et à la noirceur humaines (le vrai monstre du film est le fascisme, personnifié par le capitaine ), ou l'obéissance aveugle. Cette œuvre foisonnante de symboles, comme celui du mythe de Saturne dévorant ses enfants, est aussi une parabole freudienne sur l'enfance, la paternité et la transmission filiale. «Il est parfois difficile d'accepter que le cinéma fantastique puisse être un cinéma de qualité. Mais pour moi, les images les plus marquantes du cinéma viennent du fantastique : La Belle et la Bête de Cocteau, Nosferatu de Murnau ou Le masque du démon de Mario Bava sont inoubliables», a déclaré Del Toro, également auteur du scénario. Ce Mexicain de 41 ans est un passionné du genre fantastique, qu'il a exploré dans ses précédents longs-métrages, Cronos (1993), L'échine du diable (2001, qui avait déjà pour cadre la guerre d'Espagne) ou les hollywoodiens Mimic (1997), Blade 2 (2002) et Hellboy (2004).