Il entreprit de la récupérer et jeta des pierres en direction de l'oiseau sans jamais l'atteindre. Le corbeau volait de branche en branche ; d'arbre en arbre, poursuivi par le garçon. Finalement, il disparut et le garçon voulut revenir vers la princesse. Il ne retrouva jamais son chemin et s'égara plus profondément dans la forêt. Il avait marché longtemps lorsqu'il rencontra un homme fort beau et richement vêtu. Il lui expliqua qu'il cherchait son amie et lui demanda s'il connaissait un grand chêne. ? Les arbres tel celui que tu me décris sont nombreux dans la forêt. Viens plutôt avec moi, tu t'en trouveras bien et tu auras tout le temps pour réfléchir à ce qu'il te faut faire pour retrouver ta princesse. Il suivit l'homme sans faire attention au chemin qu'il suivait, perdu qu'il était dans ses pensées et ses remords. Mais tout cela ne changeait rien à son chagrin. Ils arrivèrent bientôt près d'une belle maison blanche où onze jeunes garçons étaient assis autour d'une table richement couverte. ? Maintenant que vous êtes au complet, vous resterez toujours près de moi et vous aurez tout ce que vous désirerez, mais au bout de l'année, il vous faudra résoudre les trois énigmes. Celui qui ne le pourra pas devra mourir alors que celui qui réussira recevra une bourse pleine d'or. Les onze jeunes gens se réjouirent, mais le jeune homme se tut et pensa : «Que m'importe de mourir ! La vie ne m'est plus une joie. Mais qui sait, si je résous les énigmes, si je ne retrouverai pas ma princesse?» La vie suivait son cours. Les onze jeunes gens vivaient joyeusement alors que le douzième restait silencieux dans son coin, rêvant de sa princesse perdue. Lorsqu'elle s'était réveillée, la princesse avait bien deviné que l'enchanteur lui avait encore joué un tour. Elle se mit donc en route courageusement dans la forêt et atteignit, après des jours de marche, un petit village où elle se fit construire une petite auberge. Elle fit une belle enseigne où l'on pouvait lire : «Ici, on reçoit gratuitement ceux qui sont malades, tristes et sans secours», car elle pensait que son bien-aimé reviendrait peut-être un jour, malade et désespéré. L'année avait passé fort vite sans que les onze garçons de la belle maison aient songé aux trois énigmes. Le douzième, au contraire, y pensait de plus en plus. Un soir qu'il se sentait anxieux et tourmenté, il s'en alla dans la forêt et s'étendit sous un arbre. Il vit des oiseaux atterrir sur la cime et il reconnut la voix de son maître qui lui sembla aussi celle du corbeau auquel il avait jadis donné à boire. ll se tint immobile et écouta. ? Demain, dit la voix, nous tuerons douze jeunes garçons dont celui qui a voulu ravir ma princesse. Celle-ci vit seule et triste à mourir mais elle va être mienne pour toujours. ? Comment peux-tu en être si certain ? croassa une autre voix. ? Demain, ils devront résoudre trois énigmes dont ils ne connaissent pas les réponses. ? Croa, croa, croa ! Et que sont ces énigmes ? croassa la troisième voix. ? Ce sont trois toutes petites questions : de quoi est faite la maison ? D'où vient la nourriture ? Pourquoi ne fait-il jamais nuit à l'intérieur de la maison ? ? Croa, croa, croa ! Et quelles sont les réponses ? croassa la seconde voix. ? La maison est faite avec des os d'hommes pécheurs. La nourriture vient de la cuisine du diable et la lumière vient de la pierre que j'ai volée au jeune garçon et qui est suspendue dans la grande salle. ? Croa, croa, croa ! Tous les trois s'envolèrent. Pour la première fois depuis un an, le garçon passa une excellente nuit. (à suivre...)