L'année même où la commission royale prononçait la condamnation de ses théories, un de ses partisans, le marquis de Puységur, annonçait une découverte étonnante. A Busancy, la campagne où il réside, il s'amuse à magnétiser, selon les méthodes de Mesmer, les paysans. C'est ainsi qu'il parvient à plonger dans le sommeil un jeune homme d'une vingtaine d'années, un sommeil bizarre au cours duquel le sujet, les yeux fermés, répond aux questions qu'on lui pose. Alors que dans la vie courante, il est d'une intelligence moyenne, il va faire preuve de connaissances inhabituelles. Il parvient même à diagnostiquer une maladie cachée dont il souffre et à indiquer le remède qu'il faut pour la guérir. Selon lui, le jeune homme manifeste également des dons extraordinaires. Ainsi, il parvient à lire dans les pensées de son magnétiseur, il peut «voir» avec les doigts ou entendre par l'épigastre. Mais aussitôt réveillé, il devient comme auparavant. Puységur va baptiser ce sommeil artificiel au cours duquel l'intelligence et les talents cachés s'éveillent «somnambulisme expérimental». Les effets du somnambulisme sont attribués au magnétisme animal et on se met à l'étudier. En 1822, Ampère déclare que le magnétisme animal est de même nature que l'électricité. L'Académie des sciences française, indignée par la vague d'irrationalisme qui submerge l'Europe, ordonne une nouvelle enquête. Le magnétisme animal est de nouveau attribué à l'imagination, mais le «somnambulisme expérimental» est confirmé : les sujets, qui y étaient plongés, prévoyaient l'avenir, avaient une mémoire développée, devinaient les pensées, etc. La commission demande qu'on étudie ces phénomènes, mais les académiciens maintiennent la condamnation de 1784, de peur que l'irrationnel ne triomphe.