L'un des partisans de Mesmer, l'officier d'artillerie, Jacques de Chastenet, connu sous le nom de marquis de Puiségur, s'adonne à des expériences s'inspirant du magnétisme animal. Il a déjà utilisé les méthodes de Mesmer pour soigner, dans son régiment à Strasbourg, des soldats malades, les soulageant de maux divers. De retour sur ses terres, à Buzancy, dans le Soissonnais, le marquis a continué à soigner les paysans, qui n'avaient pas les moyens de consulter les médecins. C'est ainsi que le 4 mai 1784, il soigne un jeune paysan de 24 ans, Victor Race. Mais au lieu de provoquer chez lui les convulsions que l'on constate dans la méthode mesmérienne, il plonge son patient dans un sommeil profond. Puységur remarque que ce sommeil, bien que profond, laisse au jeune homme toute sa conscience, bien mieux, il fait preuve d'une grande activité mentale. Il va répondre aux questions du marquis, non pas dans son patois habituel, mais dans un français correct, sur des sujets qui sortent de ses préoccupations. Il parvient même à diagnostiquer une maladie cachée dont il souffrait et à indiquer le remède qu'il faut pour la guérir. Selon lui, le jeune homme a manifesté également des dons extraordinaires. Ainsi, il parvenait à lire dans les pensées de son magnétiseur, il pouvait «voir» avec les doigts ou entendre par l'épigastre. Mais aussitôt qu'il se réveillait, il redevenait comme auparavant. Puységur va baptiser ce sommeil artificiel au cours duquel l'intelligence et les talents cachés s'éveillent, «somnambulisme provoqué» ou «expérimental».