Protestation n Vêtus de T-shirts oranges, brandissant des bannières oranges et le drapeau koweïtien, des centaines de jeunes «frustrés» ont lancé leur campagne pour les réformes. «Nous sommes un groupe de jeunes universitaires ou diplômés. Notre début a été spontané. Nous discutions dans un restaurant de la crise politique. Nous avons décidé de protester devant le Conseil des ministres», a déclaré Khaled al-Fadalah, 29 ans un des dirigeants de la Jeunesse orange. En réponse à leurs détracteurs qui les qualifient d'enfants gâtés, les membres de Jeunesse orange se déclarent être la voix de la jeunesse koweïtienne qui a brisé le silence. Le coup d'envoi du mouvement a été donné par SMS. Puis la date et l'heure du rassemblement ont été communiquées par appels sur téléphone portable et des blogs sur Internet. Environ 500 personnes ont répondu à l'appel, alors que ce jour-là le gouvernement tenait une réunion extraordinaire pour réduire de 25 à 10 les circonscriptions électorales du pays. Cette polémique a plongé le riche émirat pétrolier dans une crise politique qui a entraîné la dissolution du Parlement le 21 mai. L'opposition accuse le système électoral koweïtien d'être responsable de la corruption et de l'achat de votes. Pour les réformateurs, il faut réduire les circonscriptions à cinq pour agrandir les districts électoraux et limiter l'achat de voix. La veille du débat crucial le 15 mai, les militants ont observé une veillée devant le Parlement. Ils ont eu droit à la visite de plusieurs députés réformateurs sur ce lieu connu depuis comme la Place de la volonté. Le lendemain, un millier de membres du mouvement et d'autres contestataires ont perturbé la session parlementaire dans laquelle le gouvernement a soutenu une motion destinée à transférer à la Cour constitutionnelle le projet de réforme du système électoral. D'ailleurs, 29 députés de l'opposition ont quitté la session et ont scandé : «Nous en voulons cinq» et «A bas le gouvernement», obligeant les ministres et les députés pro-gouvernement à se retirer avant la fin du vote. Le 19 mai, la Jeunesse orange a organisé un grand rassemblement durant lequel les députés d'opposition ont demandé à interroger au Parlement le Premier ministre, cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad al-Sabah. Ce jour-là, le militant Abdallah Bouftain, en s'adressant aux milliers de personnes rassemblées, a déclaré :«Ils nous ont traités d'enfants. Nous le sommes, mais des enfants qui aiment leur pays et qui sont déterminés à imposer un changement positif.» Un député a déclaré : «En sept jours, ils ont réussi à faire plier le gouvernement. Cette semaine est historique pour le Koweït.»