Bilan n Les compétitions, entrant dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel, ont pris fin dans un sentiment de dépit mêlé à de la perplexité. Contrairement aux performances du «off» (un jeu mené par des amateurs activant d'une manière dynamique dans le domaine théâtral) qui se sont avérées d'un niveau d'expression théâtrale appréciable, les représentations du «in», en revanche, se sont révélées, à la surprise générale, notamment des critiques et des journalistes, insuffisantes pour certaines, piètres pour d'autres. «La plupart méritent d'être sifflées et huées», ont estimé quelques observateurs singulièrement déçus et par la mise en scène et par la scénographie. La déception était d'autant plus grande que les pièces jouées dans le «in» étaient produites par les théâtres régionaux, c'est-à-dire les théâtres d'Etat. Il s'agissait de ce fait de théâtre professionnel, d'où l'essence même du festival ; tous attendaient qu'il y ait une performance saillante, un travail sensible et intelligent du texte et du rapport à la scène. La carence réside non pas dans le contenu de la pièce, c'est-à-dire le thème abordé, puisque le sujet de chacune est intéressant car il est d'actualité et développe une critique pertinente de la société algérienne, mais plutôt dans la manière dont ce thème est joué. Autrement dit : une défaillance évidente et criante et dans le jeu et dans le décor. Le jeu s'est avéré lent, lourd et fastidieux. Les comédiens se sont montrés sur scène obsolètes. Quant au décor, il est aussi chétif et dérisoire que le jeu : inexpressif, insignifiant, voire prosaïque. Le théâtre présenté durant tout le festival est tombé dans le populaire. C'était un théâtre carrément folklorique. Il s'est révélé par ailleurs, anachronique. Un théâtre poussiéreux, vétuste, reproduisant un schéma déjà établi, à croire que l'on assistait à des représentations datant des années 1970. Il y avait, en effet, un mimétisme vain de ce qui se faisait dans le temps. Ces pièces du «in» nous ont projetés d'emblée dans une époque où pareille pratique se considérait comme étant inédite et répondait manifestement à une sensibilité commune. Or le temps n'est pas constant. Il change et évolue au rythme des besoins et des humeurs de l'homme. Il est question alors d'audace dans la création et l'imagination ; et il se trouve que les théâtres dits professionnels, ce que nous avons constaté avec regret pendant tout le festival, n'ont pas fait preuve d'une réflexion sur de nouvelles pratiques théâtrales ni d'inventivité – et, pourquoi pas, de fantaisie – concernant la mise en œuvre de nouveaux concepts aidant à créer une nouvelle esthétique, donc une sensibilité nouvelle. La tenue du Festival national du théâtre professionnel a permis de dresser un constat sévère; mais impératif, reposant, encore une fois avec acuité, la question : «Y a-t-il un théâtre professionnel en Algérie ? Sur quel critère est qualifiée une troupe de professionnels ? C'est pour cette raison que, dès la prochaine édition, des troupes indépendantes rejoindront le «in». Il se trouve, et pour finir, qu'un constat n'est point suffisant. Un travail de renouveau s'impose.