Désespoir n Les familles vivant à El-Djazira n'ont plus la force de se plaindre. Se plaindre à qui d'abord, puisqu'ils ont frappé à toutes les portes ? Une simple tournée dans ce bidonville donne un aperçu de tout ce qu'endurent les habitants. Les rues sont sales, il n'y a ni eau, ni gaz, ni électricité, chacun se débrouille comme il peut pour s'approvisionner. Les câbles sont branchés anarchiquement, aggravant le risque d'accident en temps de pluie. S'approvisionner en gaz butane est une véritable gymnastique.«Nous parcourons plusieurs kilomètres pour acheter une bouteille», affirme un habitant avant d'ajouter : «Pour l'eau, nous sommes obligés de louer des citernes ou remplir des bidons à la mosquée Rabia-Tahar.» L'assainissement est un autre calvaire qui empoisonne la vie de ces citoyens, les conduites d'eaux usées ne sont plus à même d'assurer l'évacuation de manière convenable. En hiver comme en été, des conduites bouchées déversent à même la chaussée leurs eaux nauséabondes qui s'infiltrent dans les maisons, plutôt dans les baraques les plus proches. Ces conditions de vie lamentables desespèrent les habitants. «Nous avons l'impression d'être des étrangers dans notre pays. Pourtant nous ne demandons qu'une chose : qu'on nous traite comme des citoyens», dit un père de famille. Un autre estime : «Le comportement de certaines femmes et quelques jeunes qui vendent des stupéfiants ne doit pas pénaliser tous les habitants en les privant de logements». Il est vrai que les résidents dans ce site sont, pour la majorité, sans emploi stable et, de ce fait, marginalisés. A signaler que beaucoup d'enfants, parce qu'ils n'ont pas de certificat de résidence, ne sont pas inscrits à l'école.