Verbe n A front-tiers de poésie, une rencontre qui réunit des poètes des deux rives de la Méditerranée, se tient depuis dimanche et ce, jusqu'au jeudi. «Si nous avons choisi de nous réunir à la frontière de la poésie, c'est pour avoir une tendre et amicale pensée pour Djamel Amrani qui, il y a un peu plus d'une année, nous a quittés subitement presque sans faire de bruit», dit la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, lors de la soirée inaugurale de la manifestation qui a eu lieu, hier, à la salle El-Mougar. «Le choix a été de le retrouver dans le verbe et dans sa parole de poète en donnant la voix à des poètes et artistes de divers horizons qui travaillent sur le mot sous toutes ses formes», a-t-elle affirmé, en ajoutant : «Ainsi, nous pouvons prendre conscience de l'homme et de son œuvre immense que nous veillerons à préserver du mieux que nous pourrons.» «Revenir sur l'œuvre du poète et lui rendre hommage, c'est aussi permettre aux siens dans le vers de continuer le cheminement de cette route partagée. C'est aussi revendiquer la filiation littéraire et pourquoi pas, morale et éthique avec le poète quoique très difficile à égaler car comme chacun sait, Djamel était et restera unique en tous points. Rendre hommage à Djamel Amrani, c'est enfin entamer une réflexion et une recherche pour une poésie contemporaine qui se réinvente avec son temps, traite des questions de son temps et utilise les moyens modernes pour une esthétique nouvelle», conclut la ministre. De son côté, Samira Negrouche, initiatrice de la manifestation, a estimé que «lire aujourd'hui Amrani, c'est prendre conscience d'une rarissime expérience poétique, cette écriture finement dépoussiérée au fil du temps», ajoutant que «lire Amrani, c'est aussi réaliser en toute clarté son choix de solitude et de proximité pour cette seule amante, la poésie, qui a su le malmener et le hanter jour après jour.» Salah Stétié, poète libanais, président d'honneur de la manifestation, a évoqué, pour sa part, l'attachement qu'il a pour la poésie algérienne, une parole qu'il affectionne profondément, mais surtout son amitié poétique pour Djamel Amrani. Il l'a évoqué par «la verve d'un verbe toujours en éveil». En évoquant Djamel Amrani, Salah Stétié a rendu hommage à l'Algérie. «L'Algérie est un grand pays de poésie. Cette vocation poétique est comme inscrite dans les gènes d'un peuple partagé entre ses quatre climats : la mer, la plaine, la montagne haute ou basse et le désert. Climats diversifiés, hommes divers et autrement inscrits dans la langue, dans les langues…», dit-il. Et de qualifier la poésie algérienne de foisonnante, fervente, d'une grande intensité, d'une poésie courageuse, de résistance et d'une forte sensibilité, une poésie de la vérité, d'amour et de générosité, et d'une forte présence. «L'Algérie est un grand pays de rêveur, de diseurs, de poètes», finit-il par dire. La soirée a été couronnée par un récital de poésies, de la poésie arabe chantée par un collectif tunisien (spécialisé dans la recherche et essai en musique) El-hamaïm el-bidh (les colombes) ; des instruments comme le violon, le naï, le luth, le colombri… ont accompagné les mots ainsi que la voix de Tlili Inès qui a su donner à la poésie autant de beauté et de sensibilité.