Résumé de la 62e partie n Pat passe une partie de la nuit à visionner les films que le sénateur Jennings lui a confiés, pour sélectionner les séquences qui seront intégrées dans son reportage. Elle avait vu le maximum de ce qu'elle pouvait assimiler en une soirée. L'aspect humain qu'elle recherchait était amplement présent dans ces extraits. Elle éteignit la lumière et quitta la bibliothèque. Il y avait un courant d'air dans le couloir. Pat n'avait ouvert aucune fenêtre dans la bibliothèque. Elle alla vérifier dans la salle à manger, la cuisine, l'entrée. Tout était fermé. Cependant, elle sentait un courant d'air. Un sentiment d'appréhension précipita sa respiration. Le salon était fermé. Elle posa sa main sur la porte. L'interstice entre le battant et le montant était glacé. Lentement, elle ouvrit la porte. Une bouffée d'air froid l'assaillit. Elle tendit la main vers l'interrupteur du lustre. La porte-fenêtre donnant sur la cour était ouverte. Un carreau, qui avait été découpé et détaché de son encadrement, reposait sur le tapis. C'est alors qu'elle la vit. Contre le foyer de la cheminée, la jambe gauche tordue sous elle, son tablier blanc taché de sang, gisait une poupée en chiffon Raggedy Ann. Tombant à genoux, Pat la regarda. Une main avait habilement peint des coins tombants sur la bouche exécutée en points de couture, ajouté des larmes sur les joues et dessiné des rides sur le front, transformant le visage souriant de la classique Raggedy Ann en une douloureuse réplique en pleurs. Elle porta la main à sa bouche pour retenir un cri. Qui s'était introduit ici ? Pourquoi ? A moitié dissimulée sous le tablier maculé, une feuille de papier était épinglée à la robe de la poupée. Pat la détacha, sentant ses doigts se rétracter au contact du sang séché. Le même papier machine bon marché que celui du premier billet, les mêmes petits caractères penchés : «C'est le dernier avertissement. Il ne doit pas y avoir d'émission à la gloire d'Abigail Jennings.» Un craquement. Un des battants de la porte-fenêtre bougeait. Y avait-il quelqu'un dans la cour ? Pat se releva d'un bond. Mais c'était le vent qui faisait battre la porte. Elle traversa la pièce en courant, claqua les deux battants et tourna la clé. Inutile. La main qui avait découpé le carreau pouvait passer par l'encadrement vide, ouvrir à nouveau la porte. L'intrus se trouvait peut-être encore là, caché dans le jardin, derrière les buissons. Ses mains tremblaient lorsqu'elle composa le numéro de police secours. La voix de l'agent la rassura. «Nous envoyons tout de suite une voiture de patrouille.» En attendant, Pat relut le billet. C'était la quatrième fois qu'on l'enjoignait de renoncer à l'émission. Soudain soupçonneuse, elle se demanda s'il fallait prendre les menaces au sérieux. Etait-il possible qu'il s'agisse d'un stratagème pour entourer l'émission consacrée au sénateur de rumeurs déplaisantes, la salir avec une publicité trouble destinée à semer la confusion ? (à suivre...)