Résumé de la 102e partie n Mère-des-Calamités est prise pour un vrai saint. On la traite de la sorte. A la veille du grand combat, le roi, le prince et le grand vizir lui demandent sa bénédiction… Alors la vieille maudite leur dit : «Par Allah ! Si vous n'aviez été les chefs des Croyants jamais je ne vous eusse raconté ce que je vais vous raconter ! Car les conséquences vont en être pour vous d'un avantage considérable. Ecoutez donc !» Histoire du monastère. «Sachez, ô vous, que j'ai longtemps séjourné dans les Lieux Saints en compagnie d'hommes pieux et éminents ; et je vivais avec eux en toute modestie, ne me préférant jamais à eux, car Allah Très-Haut m'a accordé le don de l'humilité et du renoncement. Et je pensais même passer le restant de mes jours de la sorte dans la tranquillité, l'accomplissement des devoirs pieux et le calme d'une vie sans incidents. Mais je calculais sans le destin. «Une nuit que j'étais allé vers la mer que je n'avais jamais vue, je fus poussé par une force irrésistible à marcher sur l'eau. Et je m'y dirigeai résolument et, à mon grand étonnement, je me mis à marcher sur l'eau sans m'y enfoncer et sans même mouiller mes pieds nus. Et je me mis ainsi à me promener sur la mer, à pied, pendant un certain temps ; après quoi je revins vers le rivage. Alors, l'esprit encore tout émerveillé de ce don surnaturel que je possédais sans savoir, je m'enorgueillis dans mon intérieur et je pensai : ”Qui donc comme moi peut marcher sur la mer ?” A peine avais-je formulé mentalement cette pensée, qu'Allah me punit pour mon orgueil en mettant aussitôt dans mon cœur l'amour du voyage. Et je quittai les Lieux Saints. Et, depuis lors, je me mis à vagabonder de-ci de-là, sur toute la surface de la terre. «Or, un jour que je voyageais à travers les pays des Roum, tout en accomplissant rigoureusement les devoirs de notre sainte religion, j'arrivai à une haute montagne sombre au sommet de laquelle était un monastère chrétien qui était sous la garde d'un moine. J'avais connu ce moine autrefois, dans les Lieux Saints, et il s'appelait Matrouna. Aussi à peine m'eut-il vu qu'il accourut respectueusement à ma rencontre et m'invita à entrer me reposer dans le monastère. Or, le perfide mécréant complotait ma perte, car à peine étais-je entré dans le monastère qu'il me fit suivre une longue galerie au bout de laquelle s'ouvrait une porte dans l'obscurité. Et il me poussa soudain dans le fond de cette obscurité et fit tourner la porte et m'enferma. Et là il me laissa quarante jours sans me donner à boire ni à manger, pensant ainsi me faire mourir de faim, en haine de ma religion. «Sur ces entrefaites arriva au monastère, en tournée extraordinaire, le chef général des moines ; et il était accompagné, selon l'habitude des chefs de moines, d'une suite choisie de dix jeunes moines fort jolis et d'une jeune fille aussi belle que les dix jeunes moines ; et cette jeune fille était vêtue d'un habit de moine qui lui serrait la taille et faisait saillir ses hanches et ses seins. Et Allah seul sait les horreurs que perpétrait ce chef de moines avec cette jeune fille qui s'appelait Tamacil et avec ses jeunes compagnons moines.» (à suivre...)