Résumé de la 40e partie n ll s'avère que Roumzân, contre lequel Kanmakân a levé une armée, est le frère de Nôzhatou et l'oncle du nouveau roi. Alors, pour fêter cet heureux événement, le roi Roumzân revint sur ses pas et rentra dans la ville, dont il fit ouvrir les portes à l'armée des musulmans. Puis il fit crier, par les crieurs publics, que désormais l'islam était la religion des habitants, mais que tous les chrétiens étaient libres de rester dans leur erreur. Pourtant, aucun des habitants ne voulut continuer à être mécréant ; en un seul jour, l'acte de foi fut prononcé par mille nouveaux Croyants ! Ainsi ! Glorifié soit à jamais Celui qui a envoyé son Prophète pour être un symbole de paix parmi toutes les créatures de l'Orient et de l'Occident ! A cette occasion, les deux rois donnèrent de grandes réjouissances et de grands festins, tout en régnant à tour de rôle, chacun son jour. Et ils restèrent ainsi à Kaïssaria un certain temps à la limite de la joie et de l'épanouissement. Et c'est alors qu'ils songèrent à se venger enfin de la vieille Mère-des-Calamités. A cet effet, le roi Roumzân, avec le consentement du roi Kanmakân, se hâta d'envoyer un courrier à Constantinia, porteur d'une lettre pour Mère-des-Calamités, qui ignorait le nouvel état de choses et s'imaginait toujours que le roi de Kaïssaria était chrétien comme son grand-père maternel, le défunt roi Hardobios, père d'Abriza. Et cette lettre était ainsi conçue : «A la glorieuse et vénérable dame Schaouahi Omm El-Daouahi, la redoutable, la terrible, le fléau pesant de calamités sur les têtes ennemies, l'œil qui veille sur la cité chrétienne, la parfumée de vertus et de sagesse, l'odorante du saint encens suprême et véridique du grand Patriarche, la colonne de Christ au milieu de Constantinia. De la part de maître de Kaïssaria, Roumzân, de la postérité de Hardobios le Grand à la renommée étendue sur l'univers. «Voici, ô notre mère à tous, que le Maître du ciel et de la terre a fait triompher nos armes sur les musulmans et nous avons anéanti leur armée et fait prisonnier leur roi dans Kaïssaria, et réduit également en captivité le vizir Dandân et la princesse Nôzhatou, fille d'Omar Al-Némân et de la reine Safîa, fille du défunt roi Aphridonios de Constantinia. «Nous attendons donc ta venue au milieu de nous pour fêter ensemble notre victoire et faire couper, devant tes yeux, la tête au roi Kanmakân, au vizir Dandân et à tous les chefs musulmans. «Et tu peux venir à Kaïssaria sans escorte nombreuse, car désormais toutes les routes sont sûres et toutes les provinces pacifiées depuis l'Irak jusqu'au Soudan et depuis Mossoul et Damas jusqu'aux extrêmes limites de l'Orient et de l'Occident. «Et ne manque pas d'emmener avec toi de Constantinia la reine Safîa, mère de Nôzhatou, pour lui donner la joie de revoir sa fille qui est honorée, en tant que femme, dans notre palais. «Et que le Christ, fils de Mariam, te garde et te conserve comme une essence pure contenue précieusement dans l'or inaltérable !» Puis il signa la lettre de son nom, Roumzân, et la cacheta de son cachet royal, et la remit à un courrier qui partit aussitôt pour Constantinia. Or, jusqu'au moment où arriva la vieille de malheur, pour sa perdition sans recours, il se passa quelques jours durant lesquels les deux rois eurent la joie de régler des comptes arriérés à qui de droit. Voici en effet ce qui se passa. Un jour que les deux rois, le vizir Dandân et la douce Nôzhatou, qui ne se voilait jamais la figure en présence du vizir Dandân qu'elle considérait comme un père, étaient assis à causer des probabilités d'arrivée de la vieille calamiteuse et du sort qu'on lui réservait, l'un des chambellans entra et annonça aux rois qu'il y avait dehors un vieux marchand qui avait été assailli par des brigands et qu'il y avait aussi les brigands enchaînés. (à suivre...)