Résumé de la 107e partie n A la nuit tombée, les hostilités cessèrent. L'armée musulmane se retrancha dans une caverne. L'absence de la vieille perfide se faisait remarquer. A cette vue, les deux frères se levèrent debout sur leurs deux pieds et s'écrièrent : «Louange à Allah qui t'a sauvé, ô saint ascète, et t'a rendu à notre vénération !» Alors cette perfide maudite répondit : «Mes chers fils, pour moi j'ai voulu mourir dans la mêlée et bien des fois je me suis jeté au milieu des combattants ; mais ces infidèles eux-mêmes me respectaient et détournaient leur glaive de ma poitrine. Alors, moi, je profitai de cette confiance que je leur inspirais pour m'approcher de leur chef et, d'un seul coup de sabre, avec l'aide d'Allah, je lui ai coupé la tête ! Et cette tête je vous l'apporte, pour vous encourager à continuer la lutte contre cette armée sans chef ! Quant à moi...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle reprit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que la vieille Mère-des-Calamités continua ainsi : «Quant à moi, je vais courir au plus vite vers votre armée, sous les murs de Constantinia, et vous chercher du renfort pour vous tirer des mains des mécréants. Fortifiez donc votre âme et, en attendant l'arrivée de vos frères musulmans, réchauffez vos glaives dans le sang des infidèles, pour être agréables au Maître Suprême des armées !» Alors les deux frères embrassèrent les mains du vénérable ascète et le remercièrent pour son dévouement et lui dirent : «Mais comment allez-vous faire, ô saint ascète, pour sortir de cette gorge dont toutes les issues sont occupées par les chrétiens, alors que toutes les hauteurs sont peuplées des guerriers ennemis qui vous lapideront certainement sous une pluie continue de roches déracinées ?» Mais la perfide vieille répondit : «Allah me cachera à leurs regards, et je passerai inaperçu. Et si même ils parvenaient à me voir, ils ne pourraient me faire aucun mal, car je serai entre les mains d'Allah qui sait protéger ses vrais adorateurs et exterminer les impies qui le méconnaissent !» Alors Scharkân lui dit : «Tes paroles sont pleines de vérité, ô saint ascète ! Car je t'ai vu au milieu du combat donner de ta personne avec héroïsme et nul de ces chiens n'osait t'approcher ni même te regarder. Maintenant, il ne te reste plus qu'à nous sauver d'entre leurs mains ; et plus vite tu partirais pour nous chercher du secours, mieux cela vaudrait. Voici la nuit. Pars à la faveur de ses ténèbres, sous l'égide d'Allah Le Très-Haut !» Alors la maudite vieille essaya d'entraîner avec elle Daoul'makân pour le livrer aux ennemis. Mais le vizir Dandân, qui, en son âme, se méfiait des manières étranges de cet ascète, dit à Daoul'makân ce qu'il fallait pour l'empêcher d'en rien faire. Et la maudite fut obligée de s'en aller seule en jetant sur le vizir Dandân un regard de travers. D'ailleurs, pour ce qui est de la tête coupée du général en chef de l'armée chrétienne, la vieille avait menti en disant que c'était elle qui avait tué ce redoutable guerrier. Elle n'avait fait que seulement lui couper la tête, une fois mort, car il avait été tué dans le feu du combat, par l'un des guerriers d'élite d'entre les cent gardes musulmans. Et ce guerrier musulman avait payé son exploit de sa vie ; car à peine le chef chrétien avait-il remis son âme aux démons de l'enfer, que les soldats chrétiens, voyant tomber leur chef sous la lance du musulman, se précipitèrent en masse sur ce dernier et le lardèrent de coups d'épée et le mirent en morceaux. Et l'âme de ce croyant alla aussitôt au paradis entre les mains du Rémunérateur. (à suivre...)