Résumé de la 105e partie n Ordre est donné aux armées musulmanes de faire mouvement vers Constantinia. La vieille vipère, à l'aide d'un pigeon voyageur, transmet la nouvelle au roi Aphridonios. Et les pigeons, porteurs de la lettre, arrivèrent à la haute tour, à Constantinia ; et l'apprivoiseur prit la lettre suspendue au cou des pigeons et alla tout de suite la remettre au roi Aphridonios. Et à peine le roi eut-il lu la lettre qu'il fit rassembler les dix mille guerriers nécessaires et leur fit donner à chacun un cheval et, en outre, un chameau de course et un mulet pour porter le butin qu'ils devaient faire sur l'ennemi. Et il les fit se diriger en toute hâte dans la direction du monastère. Quant au roi Daoul'makân et à Scharkân et au vizir Dandân et aux cent guerriers, une fois arrivés au bas de la montagne, ils durent faire seuls l'ascension du monastère, car la vieille Mère-des-Calamités, s'étant trouvée extrêmement fatiguée par le voyage, était restée au bas de la montagne en disant : «Montez d'abord, vous autres, et moi, ensuite, une fois le monastère en votre pouvoir, je monterai vous en révéler les trésors cachés.» Or, ils arrivèrent au monastère, un à un, en se dissimulant ; et, arrivés sous les murs, ils les escaladèrent prestement et sautèrent tous à la fois dans le jardin. Alors, au bruit accourut le gardien, le moine Matrouna ; mais c'en fut fait de lui, car Scharkân cria à ses guerriers : «Sus à ce chien maudit !» Et aussitôt cent coups le pénétrèrent ; et son âme mécréante alla s'enfoncer dans les feux de l'enfer. Et le pillage du monastère commença avec ordre. D'abord ils entrèrent dans l'endroit sacré où les chrétiens déposent leurs offrandes ; et là ils trouvèrent, pendus aux murs, de haut en bas, une quantité énorme de joyaux et de choses très riches, bien plus que ne leur avait dit le vieil ascète. Et ils remplirent leurs caisses et leurs sacs et les chargèrent sur les mulets et les chameaux. Mais pour ce qui est de la jeune fille nommée Tamacil, que leur avait dépeinte l'ascète, aucune trace, pas plus d'elle que des dix jeunes garçons aussi beaux qu'elle, ni du déplorable chef des moines Dechianos. Aussi pensèrent-ils que la jeune fille, ou était sortie se promener ou s'était cachée dans une chambre, et ils fouillèrent tout le monastère ; et ils restèrent à l'attendre pendant deux jours ; mais la jeune Tamacil n'apparaissait pas davantage. Et Scharkân, impatienté, finit par dire : «Par Allah ! ô mon frère, mon cœur et ma pensée travaillent beaucoup au sujet des guerriers de l'Islam que nous avons laissés aller seuls à Constantinia, et dont nous n'avons aucune nouvelle !» Et Daoul'makân dit : «Je crois bien aussi que, pour ce qui est de la nommée Tamacil et de ses jeunes compagnons, il faut faire notre acte de renoncement, car je ne vois rien venir. Aussi, maintenant que nous avons assez attendu en vain et que d'ailleurs nous avons chargé nos mulets et nos chameaux d'une grande partie des richesses du monastère, contentons-nous de ce qu'Allah nous a déjà accordé, et allons-nous-en rejoindre nos troupes pour, avec l'aide d'Allah, écraser les Infidèles et prendre leur capitale, Constantinia !» Alors ils descendirent du monastère pour aller prendre le vieil ascète au bas de la montagne et faire route vers leur armée. Mais à peine s'étaient-ils engagés dans la vallée que de toutes parts apparurent sur les hauteurs les guerriers des Roum, qui poussaient leur cri de guerre, et de tous les côtés à la fois ils se mirent à descendre vers eux pour les envelopper. (à suivre...)