Résumé de la 90e partie n Daoul'makân et son frère Scharkân conduisent leurs armées, en expédition punitive, à Constantinia, pour venger leur père. Le roi sait que sa mère se trouve de l'autre côté… A cette nouvelle, le roi Aphridonios se leva et fit appeler la vieille Mère-des-Calamités qui venait de lui ramener sa fille Safîa, en même temps qu'elle avait décidé le roi Hardobios de Kaïssaria, qu'elle avait élevé, à venir avec elle, lui et toute son armée, se joindre au roi Aphridonios. Et le roi de Kaïssaria, non content de la mort du roi Omar Al-Némân et désireux de venger davantage sa fille Abriza, s'était hâté d'accompagner Mère-des-Calamités à Constantinia, à la tête de son armée. Lorsque le roi Aphridonios eut donc fait appeler la vieille, elle se présenta aussitôt entre ses mains ; et il lui demanda les détails de la mort d'Omar Al-Némân, qu'elle se hâta de lui rapporter. Alors le roi lui demanda : «Et maintenant que l'ennemi approche, que faut-il faire, ô Mère-des-Calamités ?» Elle répondit : «O grand roi, ô représentant du Christ sur la terre, je vais t'indiquer la conduite à tenir ; et le Cheitân lui-même avec tous ses artifices ne pourra débrouiller les fils où je vais prendre nos ennemis !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint le soir, elle dit : «Et le Cheitân lui-même, malgré tous ses artifices, ne pourra débrouiller les fils où je vais prendre nos ennemis ! Voici le plan à suivre pour les anéantir : tu vas envoyer cinquante mille guerriers sur des navires qui mettront à la voile pour aller à la Montagne-Fumante, au pied de laquelle campent nos ennemis. Et d'un autre côté, par la voie de terre, tu enverras toute ton armée surprendre ces mécréants. Et de la sorte ils seront pris de tous les côtés et nul d'entre eux ne pourra échapper à l'anéantissement. Et tel est mon plan.» Et le roi Aphridonios dit à la vieille : «En vérité, ton idée est supérieure, ô reine de toutes les vieilles et inspiratrice des plus sages !» Et il agréa le plan et le mit aussitôt à exécution. Aussi les navires chargés de guerriers mirent à la voile et arrivèrent à la Montagne-Fumante et débarquèrent les hommes, qui se massèrent sans bruit derrière les hauts rochers. Et par la voie de terre, l'armée ne tarda pas à arriver en face de l'ennemi. Or, en ce moment, telles étaient les forces des combattants : l'armée musulmane de Bagdad et du Khorassân comprenait cent vingt mille cavaliers commandés par Scharkân. Et l'armée des impies chrétiens s'élevait à mille mille et six cent mille combattants. Aussi quand tomba la nuit sur les montagnes et sur les plaines, la terre sembla un brasier de tous les feux qui l'éclairaient. Or, en ce moment, le roi Aphridonios et le roi Hardobios réunirent leurs émirs et les chefs de l'armée pour tenir la grande séance du conseil. Et ils résolurent de livrer bataille, dès le lendemain, aux musulmans, de tous les côtés à la fois. Mais la vieille Mère-des-Calamités qui écoutait, les sourcils froncés, se leva et dit au roi Aphridonios et au roi Hardobios et à tous les assistants : «O guerriers, les batailles des corps, quand les âmes ne sont pas sanctifiées, ne sauraient avoir que des résultats funestes ! O chrétiens, avant la lutte il faut vous approcher du Christ, et vous purifier avec l'encens suprême des fèces patriarcales !» Et les deux rois et les guerriers répondirent : «Tes paroles sont les bienvenues, ô vénérable mère !» Or, voici en quoi consistait cet encens suprême des fèces patriarcales. (à suivre...)