Résumé de la 113e partie n Le vizir Dandân a des doutes quant à la sincérité du vieil ascète, ce qui donne lieu à une altercation avec Scharkân qui affirme l'intérêt que lui porte la famille royale. Alors Daoul'makân fit approcher le grand chambellan et lui demanda de raconter les détails du désastre éprouvé. Et le grand chambellan, le visage défait et l'âme torturée, lui raconta tout ce qui était arrivé. Or tout cela avait été combiné par la maudite Mère-des-Calamités. En effet, lorsque les émirs Rustem et Bahramân, chefs des Turcs et des Kurdes, furent partis au secours de Daoul'makân et de Scharkân, l'armée, qui campait sous les murs de Constantinia, se trouva du coup fort diminuée en nombre ; aussi, par crainte que la chose ne fût connue des chrétiens, le grand chambellan ne voulut point en parler à ses soldats de peur qu'il se trouvât un traître parmi eux. Mais la vieille, qui n'attendait que ce moment et qui recherchait depuis longtemps cette occasion qu'elle avait combinée avec beaucoup de peine et de soins, courut aussitôt vers les assiégés et héla à haute voix l'un des chefs qui étaient sur les murailles et lui dit de lui tendre une corde. Alors on lui tendit une corde ; et elle y attacha une lettre écrite de sa main et dans laquelle elle disait au roi Aphridonios : «Cette lettre est de la part de la subtile et rouée et terrible Mère-des-Calamités, le plus effroyable fléau de l'Orient et de l'Occident, au roi Aphridonios, que le Christ l'ait en ses bonnes grâces ! «Et ensuite ! «Sache, ô roi, que désormais la tranquillité va régner dans ton cœur, car j'ai combiné un stratagème qui est la perte dernière des musulmans. Après avoir réduit en captivité et jeté dans les chaînes leur roi Daoul'makân et son frère Scharkân et le vizir Dandân et détruit la troupe avec laquelle ils avaient pillé le monastère du moine Matrouna, j'ai réussi à affaiblir les assiégeants en les décidant à envoyer les deux tiers de leur armée dans la vallée, où ils seront détruits par l'armée victorieuse des soldats du Christ. «Il ne te reste donc plus qu'à faire une sortie en masse contre les assiégeants et à les attaquer dans leur camp et à brûler leurs tentes et à les mettre en pièces jusqu'au dernier : ce qui te sera facile avec le secours de Notre Seigneur Christ et de sa mère Vierge. Et puissent-ils un jour me rémunérer pour tout le bien que je fais à toute la chrétienté !» A la lecture de cette lettre, le roi Aphridonios éprouva une très grande joie et fit immédiatement appeler le roi Hardobios, qui était venu s'enfermer à Constantinia avec le contingent de ses troupes de Kaïssaria ; et il lui lut la lettre de Mère-des-Calamités... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle dit : Et il lui lut la lettre de Mère-des-Calamités. Alors le roi Hardobios fut à l'extrême limite de la dilatation et s'écria : «Admire, ô roi, les ruses merveilleuses de ma nourrice Mère-des-Calamités ! En vérité, elle nous a été plus utile que toutes les armes de nos guerriers ; et rien que son regard lancé sur nos ennemis produit plus de terreur que la vue de tous les démons de l'enfer au terrible jour du Jugement !» Et le roi Aphridonios répondit : «Puisse le Christ ne jamais nous priver de la vue de cette femme inestimable ! Et puisse-t-il la faire fructifier en ruses et en stratagèmes !» (à suivre...)