Résumé de la 111e partie n La vieille vipère alerta les émirs Rustem et Bahramân de la situation dans laquelle Daoul'makân et son armée se trouvaient. Pourtant elle avait juré leur extermination. Alors les deux frères furent très réjouis d'apprendre cette nouvelle et ils remercièrent Allah pour l'arrivée du saint ascète en toute sécurité. Et ils mirent les deux émirs au courant de tout ce qui s'était passé depuis leur arrivée au monastère, et leur dirent : «Maintenant les infidèles, qui se sont décimés durant toute la nuit, doivent être dans le tumulte et l'épouvante de voir leur erreur. Aussi, sans leur laisser le temps de se reprendre, nous allons leur tomber dessus du haut de la montagne et les exterminer et prendre tout leur butin ainsi que les richesses que nous avions enlevées du monastère.» Et immédiatement l'armée entière des croyants, commandée maintenant par Daoul'makân et Scharkân, se précipita comme le tonnerre du sommet de la montagne et tomba sur le camp des infidèles et fit jouer dans leurs corps le glaive et la lance. Et à la fin de cette journée, il ne restait plus, parmi les infidèles, un seul homme capable d'aller raconter le désastre aux maudits enfermés dans les murs de Constantinia. Une fois les guerriers chrétiens exterminés, les musulmans prirent toutes les richesses et tout le butin et passèrent cette nuit-là dans le repos, en se congratulant mutuellement de leur succès et en remerciant Allah de ses bienfaits. Et le matin venu, Daoul'makân décida le départ et dit aux chefs de l'armée : «Il nous faut maintenant gagner au plus vite Constantinia pour nous joindre au grand chambellan qui assiège la ville et qui n'a plus avec lui que très peu de troupes. Car si les assiégés savaient votre présence ici, ils comprendraient que les musulmans, qui sont sous les murs, sont en très petit nombre et ils feraient une sortie funeste pour les croyants.» Alors on leva le campement et on marcha sur Constantinia, tandis que Daoul'makân, pour soutenir le courage de ses guerriers, improvisait, durant la marche, cette sublime élévation : «ô Seigneur ! Je t'offre ma louange, Toi qui es la gloire et la louange, ô Dieu qui n'a cessé de me diriger dans la voie difficile, par la main. «Tu m'as donné la richesse et les biens, un trône et Tes Grâces et Tu as armé mon bras du glaive de la vaillance et des victoires. «Et Tu m'as rendu le maître d'un empire à l'ombre considérable et tu m'as comblé de l'excès de ta générosité. «Et Tu m'as nourri, étranger dans les pays étrangers, et Tu T'es fait Mon Garant quand j'étais si obscur parmi les inconnus ! «Gloire à Toi ! Tu as orné mon front de Ton Triomphe. Avec Ton Aide, nous avons écrasé les Roum qui méconnaissent Ta Puissance et nous les avons pourchassés sous nos coups comme un bétail en déroute. «Gloire à Toi ! Sur les rangs des impies Tu as prononcé la parole de Ta Colère, et les voici ivres à jamais, non point du ferment généreux des vins, mais de la coupe de la mort. Et si d'entre Tes Croyants quelques-uns sont restés dans la bataille, l'immortalité les possède, assis sous les touffes heureuses, aux bords du fleuve édénique de miel parfumé !» Lorsque Daoul'makân eut fini de réciter ces vers, pendant la marche des troupes, on vit s'élever une poussière noire qui, s'étant dissipée... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. (à suivre...)