Image n Aux couleurs de la région, c'est le marché du désordre et de l'anarchie. De tous les marchés que compte Adrar, Souk Bouda est sans doute le plus populeux et le plus animé, le plus pittoresque, le plus «couleur locale», mais également le plus désordonné, voire le plus anarchique. Ce marché couvert, qui compte une quarantaine d'étals dont une vingtaine de bouchers, tient son nom de sa proximité de la porte de Bouda, une commune située à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Adrar. Un tour dans ce marché, où l'on a de la peine à se frayer un passage à travers une foule compacte et les étals de légumes entassés à même le sol, à côté de têtes sanguinolentes de chameaux et de moutons, est édifiant, s'agissant de l'hygiène qui y règne... L'odeur contraint souvent les plus sensibles à aller plus en avant. L'entrée de ce souk, à moins de trois mètres d'un conteneur à ordures qui diffuse des relents nauséabonds de détritus en putréfaction, est rendue particulièrement difficile par la prolifération d'étals de petits vendeurs de légumes qui proposent des produits maraîchers, leurs balances alignées à même le sol. Certains de ces étals sont mitoyens avec le conteneur à ordures, d'où suinte un «jus» putride. Si l'intérieur des étals de bouchers est relativement propre, il n'en est pas de même pour l'extérieur, dont le sol est jonché de flaques noirâtres. Ces bouchers transportent de gigantesques morceaux de viande de chameaux où des quartiers de mouton entassés à même le plateau d'un fourgon, sur un sachet en plastique noir, ou même dans la malle d'un véhicule de tourisme. Ce marché nécessite une opération urgente de réhabilitation, vu le plafond de l'infrastructure, noir de poussière, d'où pendent des toiles d'araignées graisseuses. Les entrées de ce souk sont exiguës et ne pourraient contenir ni canaliser un mouvement de foule, auquel cas le bilan risquerait d'être lourd, d'autant plus que, au fil des ans, des ombrelles en matériaux de fortune ont été posées confectionnées avec des matériaux hétéroclites : carton, toile cirée, treillis de roseaux, literie déclassée, vieilles couvertures, lambeaux de bâches de véhicules, tous réputés très inflammables, dans un marché où aucun extincteur n'est visible.