Alger, métropole anarchique aux proportions démesurées, est depuis longtemps assujettie à une dégradation continuelle de son espace urbain, de par le désordre qui y règne et l'anarchie qui semble, au grand dam des Algérois, prendre des proportions alarmantes. L'incapacité des pouvoirs publics à faire respecter la loi est cependant perceptible sur plus d'un plan. La prolifération des marchés informels et des parkings anarchiques dévoile l'ampleur d'une situation auxiliaire croissante aux allures anodines, puisque l'incivisme fait désormais partie intégrante de l'environnement où vivent les citoyens, et la cité ne bénéficie plus sous nos latitudes de l'aura qu'elle avait, ne serait-ce que dans les années 1970. A Aïn Taya la municipalité s'est donné tant de mal à réhabiliter le marché couvert, resté des années durant fermé, et qui est paradoxalement mal exploité. Les marchands, qui occupent des étals à l'intérieur, étendent leur marchandise extra muros, et rejoignent ainsi le nombre grandissant des indus occupants qui ne semblent cependant guère inquiétés par la présence des agents de sécurité qui passent de temps à autre par cette rue étroite, qui connaît souvent une importante congestion de la circulation automobile due à de la présence de ces marchands. La réhabilitation de cette structure commerciale n'a pas pu endiguer le phénomène qui est en passe d'enlaidir cette petite ville du littoral est algérois. De l'avis des citoyens de la commune, « il faut lutter contre la prolifération de l'informel et du squat de la voie publique à Aïn Taya, tant que le phénomène est au stade embryonnaire ». Nonobstant cet état de fait, la ville de Aïn Taya reste l'une des localités algéroises les moins touchées par le phénomène. Si l'anarchie qui y prévaut est de proportions moindres, à Rouiba, ce n'est hélas pas le cas. La plupart des artères de l'agglomération paraissent de prime à bord sous l'emprise de certains jeunes qui s'autoproclament gérants de parkings. A la « rue des banques » comme se sont accoutumés à l'appeler les habitants de Rouiba, la chaussée a été carrément partagée en secteurs entre les exploitants illicites. Les citoyens sont ainsi rackettés par ces pseudo-propriétaires et cela, au vu et su des services de sécurité. Quant aux marchands illicites qui gravitent autour du marché couvert de la ville, ils continuent toujours d'occuper la rue, malgré les multiples opérations de délogement qui ont été menées par le passé. Les trottoirs à Rouiba grouillent également d'activités, mélange pittoresque de commerçants et de vendeurs à la sauvette. Certaines activités commerciales qui sont à l'origine de cette anarchie présentent parfois un sérieux danger pour la santé publique. C'est le cas des produits alimentaires, des parfums et autres produits cosmétiques qui sont quotidiennement exposés au soleil. En somme, on assiste, impuissants, à la dégradation de l'environnement de l'agglomération qui en dit long sur la gestion de la ville. Depuis le temps que les responsables locaux parlent d'endiguer le phénomène, la situation ne s'est en fait guère améliorée ; bien au contraire, des rues, les jeunes gens sont passés aux dépendances des immeubles situées dans les cités, lesquelles sont préalablement destinées pour servir en principe d'espaces verts et d'aires de jeux. Le nouveau staff municipal a toutefois pris des dispositions pour pallier cette situation héritée. « Après délibération du conseil communal, nous avons pris un arrêté municipal pour interdire toute activité illicite sur la voie publique. Cela va permettre à la commune de récupérer les espaces squattés », dira M. Lakrous, P/APC de Rouiba. Il est à présent temps de stopper cette hémorragie forte, résultat d'une insouciance totale, voire d'une inconscience des pouvoirs publics, mais aussi de la société civile.