Entre des étals mal rangés et dégageant toutes sortes d'odeur, l'on a du mal à se frayer un chemin au souk Bouda, le plus animé des marchés populaires d'Adrar et sans doute l'un des plus anarchiques et désordonnés. Des têtes sanguinolentes de moutons et de chameaux sont exposés à même le sol, à quelques centimètres seulement d'une pile de livres religieux étalés par un marabout et non loin d'un petit disquaire qui fait fuser Nas El-Ghiwan dans une ambiance édulcorée. Ce marché couvert, aux entrées exiguës, compte une quarantaine d'étals dont la moitié sont des boucheries loin d'observer les règles élémentaires d'hygiène. Des odeurs désagréables, que dégage un conteneur à ordures plein à craquer, ajoutées à la canicule, contraignent le client à rebrousser chemin à peine entré. Les vendeurs proposent toutes sortes de produits et s'efforcent d'attirer la clientèle à la criée. Le sol du marché est jonché de flaques d'eaux noirâtres où des essaims de mouches bourdonnent. Les murs sont noirs et crasseux, la poussière est présente comme jamais pour permettre aux araignées de tisser copieusement leurs grandes toiles. Mais qu'à cela ne tienne, souk Bouda est sans doute le poumon d'Adrar.