Les rumeurs, circulant à intervalles réguliers sur l'enlèvement d'enfants, devaient être, quelque part, bien fondées. Les chiffres avancés par la police sur ce sujet sont alarmants. «Nous avons enregistré, à travers le territoire national, 2 133 mineurs victimes de violences physiques et sexuelles, durant les cinq derniers mois de l'année en cours», a déclaré Mme Kheïra Messaoudène, chef de bureau de la protection de l'enfance à la direction de la police judiciaire, hier, lors de la journée d'étude organisée sur la prévention de la maltraitance envers les enfants. Dans sa communication présentée devant les participants, elle a précisé que parmi ces enfants, 139 ont été victimes d'enlèvements. Ce chiffre vient conforter des rumeurs colportées régulièrement sur les enlèvements d'enfants. Des cas ont ainsi été signalés dans plusieurs villes. A Tizi Ouzou, le phénomène d'enlèvements pour exiger des rançons, a semé la terreur chez les populations de la région. D'ailleurs tout récemment, un enfant enlevé dans la commune de Souk El-Tenine a été trouvé mort, des traces de tortures sur le corps. Ce phénomène, dont sont victimes des innocents, doit interpeller les consciences et sensibiliser toutes les catégories sociales pour dénoncer et condamner ces actes inhumains. Toujours dans ce triste bilan, il est à relever que 5 091 mineurs, victimes de violences, ont été enregistrés à l'échelle nationale en l'espace seulement de 5 mois. Parmi ces victimes, 3 038 ont subi des violences physiques, 1 472 ont été victimes de violences sexuelles (838 filles et 634 garçons), 414 victimes de mauvais traitements. Concernant les tranches d'âge, Mme Messaoudène a précisé que les mineurs âgés de 13 à 16 ans viennent en première position (1 942), suivis de ceux de la tranche d'âge de 16 à 18 ans (1 706), alors que pour les enfants de moins de 10 ans, la police a enregistré 673 cas de violence. La représentante de la police a soulevé le déficit en matière de structures d'accueil qui, selon elle, «même si elles existent, sont surchargées et non appropriées, surtout lorsqu'il s'agit de victimes de sexe féminin». De son côté, le président de la Société algérienne de médecine légale, Madjid Bessaha, a souligné l'importance de signaler les cas de maltraitance des enfants afin «de pouvoir les prendre en charge». Il a plaidé, dans ce contexte, pour la mise en place de moyens juridiques de procédure de signalement des enfants maltraités, ajoutant que «ces moyens permettront de dénoncer ces actes afin de mieux connaître cette catégorie de la société (victimes) pour pouvoir la prendre en charge». A ce sujet, il a souligné l'importance de lancer des enquêtes sociales sur les enfants maltraités pour définir les causes et mettre en place les mécanismes de prise en charge sociale de ces enfants et leur entourage. A signaler que la journée d'étude a été organisée par la Fondation suisse Terre des hommes.