Pour la première fois, les violences sexuelles sur les enfants feront l'objet d'une journée d'étude organisée, jeudi prochain, à l'Ecole nationale de la magistrature par le réseau Wassila de réflexion et d'action en faveur des femmes et des enfants victimes de violence. Plusieurs spécialistes de l'enfance et de la santé mentale prendront part à cette manifestation qui se veut un espace pour débattre de la prise en charge de ce fléau qui a pris de l'ampleur ces dernières années. Il est question de faire état d'un exemple concret d'enfants victimes d'agressions sexuelles par leur enseignant dans une école primaire pour disséquer les difficultés auxquelles sont confrontés les victimes et leurs proches dans leur action de demande de justice. Il est également prévu de soumettre une série de mesures à même de mieux protéger les victimes et pourquoi pas les proposer au ministère de la Justice en vue d'un amendement du code pénal, pour une meilleure prévention contre les violences à l'égard des enfants. Ce phénomène a connu une évolution dangereuse durant la période du terrorisme et ne cesse d'augmenter au fil des années en absence de toute prise en charge institutionnelle et associative. Les chiffres avancés par les services de police, il y a quelques mois, sont révélateurs. Ainsi, ils étaient 3319 enfants en danger moral à avoir été pris en charge par les services de police en 2004 sur l'ensemble du territoire national. Les mêmes services ont indiqué que durant la même année 1 386 mineures ont été victimes de violences sexuelles, 412 de maltraitance, 133 d'enlèvement, 2603 de coups et blessures volontaires, 20 d'assassinats après abus sexuels et 53 d'inceste. Ces statistiques inquiétantes « cachent malheureusement un chiffre dit noir qui reflète la situation de l'enfance en Algérie », avait déclaré Mme Messaoudène, représentante de la direction générale de la Sûreté nationale lors d'une journée d'étude organisée au mois de juin dernier par la direction général de l'administration pénitentiaire, sur les juges des mineurs et la prise en charge des enfants en danger moral. Ce sujet avait réuni de nombreux juges des mineurs venus des différentes régions du pays, avec les présidents de chambre des mineurs au niveau des cours, des directeurs des centres d'accueil des mineurs et tous les intervenants dans la prise en charge de l'enfance tels que les services sociaux, de sécurité et de la solidarité. Cette rencontre se veut une occasion pour discuter des problèmes liés à la protection de l'enfance. « Les violences sexuelles, les incestes, la pédophilie sont des fléaux qui existent et prennent des proportions alarmantes dans certains cas même si notre société veut à tout prix les cacher. Nous devons joindre nos efforts pour protéger nos enfants sinon c'est notre avenir qui sera compromis... », avait conclu Mme Messaoudène. A travers la journée d'étude de jeudi prochain, les conférenciers veulent à tout prix lever le voile sur la pédophilie en Algérie, qui jusqu'à l'heure actuelle reste un sujet tabou y compris dans les milieux les plus ouverts. Les victimes et leurs proches ont du mal à se faire entendre et surtout à arracher une condamnation ou une réparation. Les cas de ces violences sont très nombreux et méritent d'être sérieusement pris en charge.