Le constat est établi : ils ont de 13 à 16 ans et opèrent, notamment, par des actes de vol dans les zones urbaines. Les chiffres avancés sont alarmants ! En 2004, 3 319 enfants en danger moral ont été recensés à travers le territoire national, 2 306 d?entre eux ont été remis à leur famille, 796 présentés à la justice et 217 placés dans des centres de rééducation. C?est ce qu?a indiqué Mme Kheira Messaoudène, commissaire de police et chef de la brigade des mineurs à la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn). Intervenant à l'occasion de la journée d'étude tenue, hier, à Alger, relative aux activités des juges des mineurs et la prise en charge des mineurs en danger moral, l?oratrice a précisé que 10 856 enfants auteurs de délits ont été enregistrés en 2003 et 10 965 en 2004. Les statistiques affirment encore que la délinquance est de plus en plus jeune : plus de 6 000 enfants recensés l?année dernière sont âgés entre 16 et 18 ans, les autres (5 000) ont entre 13 et 16 ans ! Le vol arrive en tête de liste des délits commis avec 5 898 affaires, suivi des violences physiques (2 179) et de l?atteinte à la morale (384). La capitale est cependant en tête des wilayas les plus touchées, puisqu?elle enregistre le plus haut taux des enfants en danger moral et le nombre de délinquants avec respectivement 764 et 643 mineurs. «Nous recensons également des victimes d'agressions sexuelles, 1 386 cas ont été enregistrés en 2004, 35 ont été victimes d'inceste. Le chiffre est en deçà de la réalité puisque pour des raisons culturelles, sociales et économiques, le sujet est tabou», a martelé Mme Messaoudène. M. Touri El-Hachemi du ministère de la Solidarité nationale a déclaré que les juges des mineurs sont confrontés à de nombreux problèmes. «Le manque de spécialisation des magistrats implique l'échec du suivi des mineurs et l'incompréhension de leurs problèmes», a-t-il soutenu ajoutant qu'assigner cette mission à des magistrats ne dépassant guère 30 ans et manquant d'expérience rend vains tous les efforts déployés sur le terrain. Cela s?ajoute au déficit des spécialistes de la santé mentale au niveau des structures d?accueil. «Nous recensons 40 centres spécialisés dans la protection et la rééducation, ce qui est largement insuffisant vu le nombre des mineurs en danger. Un centre de rééducation à Bab El-Oued compte 300 personnes alors que sa capacité d?accueil ne doit pas dépasser les 120 pensionnaires !», a-t-il conclu.