Changement n La campagne électorale pour les législatives avec, pour la première fois, la participation de femmes, a été marquée par une vigoureuse dénonciation de la corruption par l'opposition. La vigueur de la campagne électorale pour les législatives de demain jeudi au Koweït confirme, selon les observateurs, que l'émirat est bien de toutes les monarchies pétrolières du Golfe, celle où l'ouverture politique est la plus poussée, même si la famille régnante koweïtienne reste fermement aux commandes. Les Koweïtiens et les Koweïtiennes élisent donc, demain, un nouveau Parlement après une campagne animée et dominée par le thème de la corruption et les appels de l'opposition à une réforme du système électoral. Il s'agira d'un scrutin historique, puisqu'il verra pour la première fois la participation des femmes, à la fois comme électrices et comme candidates, un an après qu'elles eurent obtenu leurs droits civiques. A en croire les candidats de l'opposition, qui ont multiplié les accusations contre le gouvernement et des membres de premier plan de la famille régnante, ce scrutin déterminera l'avenir de l'émirat pour les prochaines 40 années.L'importance de l'enjeu explique que la campagne électorale ait été la plus virulente de l'histoire du Koweït. Preuve de l'intérêt suscité par cette campagne, les centaines de meetings électoraux animés ont attiré un public record, malgré une chaleur étouffante qui atteint actuellement 50 degrés Celsius. La principale raison de cet engouement réside dans la participation active des femmes et des jeunes, dont l'influence lors des précédents scrutins était inexistante.L'émir du Koweït avait dissous le Parlement le 21 mai et convoqué des élections anticipées à la suite d'une crise entre le gouvernement et les 29 députés de l'opposition, qui va des islamistes aux libéraux, provoquée par un projet de loi visant à réduire le nombre des circonscriptions, actuellement de 25. Dans ce sillage, les chiites du Koweït, qui constituent près d'un tiers de la population autochtone de cet émirat gouverné par une dynastie sunnite, veulent éviter une dispersion de leurs voix lors de ces législatives qui profiterait aux islamistes sunnites intégristes. «Les chiites veulent être représentés par des députés chiites, naturellement, mais, à défaut, par des sunnites libéraux et non par des fondamentalistes», a déclaré un membre de l'Association koweïtienne des droits de l'Homme et ancien ministre du Pétrole. «Les salafistes, tenants d'un courant sunnite fondamentaliste, nient les droits de l'autre et lui jettent l'anathème, ce qui est totalement contraire à la Constitution et prive les autres communautés de leurs droits», a-t-il ajouté, lui-même membre de la communauté chiite et ancien député. «Dans les circonscriptions où aucun chiite ne s'est porté candidat, l'électorat chiite donnera sûrement ses voix aux candidats libéraux, indépendants et modérés, afin d'en priver les salifistes», estime-t-il.