Résumé de la 34e partie n Omar en veut toujours à Malika, mais pas question de la laisser repartir une seconde fois. Déjà il veut la revoir. Mais ni le lendemain ni les jours suivants elle ne revient. A chaque fois qu'il arrive à l'hôpital, il demande aux infirmières si une malade prénommée Malika B. (il ne connaît que son nom de jeune fille) s'est présentée. A chaque fois on lui dit non. «Mais pourquoi ne revient-elle pas ?», rage-t-il à chaque fois. Et l'angoisse le reprend : et si elle était repartie ? Certes, il a été choqué d'apprendre qu'elle s'était mariée, il lui a parlé avec une certaine ironie, surtout de l'amertume, mais il ne lui a rien dit de désagréable, et surtout, il ne lui a pas dit qu'il ne voulait plus la revoir. Si elle lui en veut, c'est pour l'ironie et l'amertume de son propos. Mais pouvait-il faire autrement, lui qui l'a attendue tant d'années, qui a souffert, espéré, pleuré ? Pouvait-il ne pas s'emporter d'entendre dire qu'elle appartenait à un autre et qu'elle ne serait jamais à lui, jamais ? Il se rappelle ses propos : «Je ne t'appartiendrai jamais !» Il pense maintenant que ce qu'elle lui a dit est vrai : elle appartient désormais à un autre... Mais en même temps qu'il pense à cela, il se dit que tout n'est pas perdu, qu'il peut encore espérer la voir revenir à lui... Elle s'est mariée, mais elle peut divorcer. Elle ne doit pas aimer son époux, elle a dû être forcée de l'épouser, même si elle lui a dit que ses parents n'ont fait que la conseiller... Il y a des conseils qui sont des contraintes ; des directions qui sont des obligations... Une chose est certaine, en tout cas : elle tient toujours à lui. Autrement, pourquoi serait-elle venue le voir à l'hôpital ? Certes, elle lui a dit qu'elle était malade, mais elle ne l'a même pas laissé l'ausculter, elle ne lui a rien dit de son mal. Elle est venue pour lui, uniquement pour lui, pour le voir, pour lui demander pardon, pour renouer les liens... Il s'en veut maintenant de l'avoir un peu bousculée, il s'en veut de ne pas l'avoir retenue, consolée, rassurée… Chère Malika... En dépit des années, elle a gardé sa beauté. Ces yeux, ce doux visage, cette taille qui l'avaient subjugué dans son adolescence lui donnent toujours le vertige... Qu'il lui tarde de la revoir, de la serrer de nouveau dans ses bras, de lui parler, d'entendre sa voix... Parfois, enfermé dans son bureau, il se laisse aller à une douce rêverie. Il a vingt-deux ans et s'apprête à se rendre au lycée pour la voir... Il sort de la faculté, prend le bus pour faire vite, court même, arrive essoufflé au portail du lycée que le gardien s'apprête à ouvrir. Les lycéens sortent, il la guette, puis la reconnaît dans le flot. Elle vient vers lui ou alors, si elle ne l'a pas vu, il va vers elle... «Malika ! Pourquoi, pleure-t-il, n'est-elle pas restée ?» Ah, qu'il voudrait revenir en arrière, retenir le temps, le figer à ces moments de bonheur... «Malika, mon tendre amour !» Il ne veut pas la perdre une seconde fois... (à suivre...)