Résumé de la 80e partie n Alors que Pat passe en revue les documents retrouvés à la cave, on sonne à la porte. C'est Toby, envoyé par Abigail Jennings. «N'abandonnez jamais avec moi, Toby !» dit-elle d'un ton froid. Qui était-il pour se montrer agacé d'avoir dû attendre quelques secondes ? Il lui sembla qu'il la regardait avec insistance. Elle baissa les yeux ; elle avait les mains noires et s'était frotté les yeux. Elle devait avoir le visage barbouillé. «On dirait que vous avez nettoyé la cave.» Une expression étonnée, soupçonneuse, se reflétait sur son visage. Elle ne lui répondit pas. Il déplaça le paquet sous son bras et l'énorme bague ornée d'un onyx glissa d'avant en arrière sur son doigt. «Où désirez-vous que je dépose tout ça, Pat ? Dans la bibliothèque ? — Oui.» Il lui emboîta le pas et elle eut l'impression désagréable qu'il lui rentrerait dedans si elle s'arrêtait brusquement. La position en tailleur lui avait engourdi la jambe gauche et elle boitillait. «Vous boitez, Pat ? Vous n'êtes pas tombée sur la glace ou sur je ne sais quoi, j'espère ?» Rien ne vous échappe, pensa-t-elle. «Posez le carton sur la table, lui dit-elle. — Voilà. Je dois repartir illico. Le sénateur n'était pas ravie d'avoir à rechercher ces albums. Je peux me faire virer.» Elle attendit d'entendre la porte d'entrée se refermer avant d'aller mettre le verrou. A l'instant où elle arrivait dans l'entrée, la porte se rouvrit. Toby sembla surpris en voyant Pat ; puis un sourire déplaisant plissa son visage. «Vous savez, Pat, cette serrure n'empêcherait pas quelqu'un qui connaît la musique d'entrer, dit-il. Vous devriez pousser le verrou.» Les archives supplémentaires du sénateur comportaient un méli-mélo de coupures de presse et de lettres d'admirateurs. La plupart des photos étaient des instantanés d'Abigail à des manifestations politiques, des dîners officiels, des cérémonies d'inauguration. A mesure que Pat tournait les pages, plusieurs d'entre elles se détachèrent et tombèrent par terre. Les dernières pages de l'album offraient peu d'intérêt. Pat arriva à une grande photo d'Abigail jeune et de Willard assis sur une couverture au bord d'un lac. Il lui lisait quelque chose. C'était une scène romantique ; on aurait dit deux amoureux sur un camée victorien. Il y avait quelques autres instantanés que l'on pourrait insérer au montage. Une fois tout l'album parcouru, Pat se baissa pour récupérer les photos qui étaient tombées. Sous l'une d'elles, elle ramassa une feuille de papier luxueux pliée en deux. Elle la déplia et lut : «Billy chéri. Tu as été magnifique à l'audience cet après-midi. Je suis fière de toi. Je t'aime tant et je suis si heureuse à l'idée de passer toute ma vie auprès de toi de travailler avec toi. Oh, mon amour, nous allons vraiment changer quelque chose dans le monde ! A.» La lettre était datée du 13 mai. Willard Jennings était en route pour prononcer son discours de réception lorsque la mort l'avait frappé, le 20 mai. (à suivre...)