Suprématie n 2006, la Coupe du monde de la Fifa aura une saveur européenne. Pour la quatrième fois seulement en 18 éditions, le dernier carré sera uniquement composé d'équipes du Vieux Continent. Le titre se jouera entre trois anciens champions du monde, l'Allemagne et l'Italie, qui se rencontreront pour la troisième fois à ce stade de la compétition, mais aussi la France, devenue bête noire du Brésil. Quant aux Portugais, ils n'avaient plus connu de demi-finale depuis 1966. En revanche, trois autres champions du monde sont passés à la trappe. L'Angleterre et l'Argentine devront réviser le délicat exercice des tirs au but alors que le Brésil va assurément commencer à se demander si la France n'est pas son pire ennemi. Déjà en 1998, les Bleus avaient mis fin au règne des Auriverde, tenants du titre depuis Etats-Unis-1994. Cette fois, ils ont interrompu une série de 11 victoires, empêchant à nouveau le Brésil de conserver son titre. Le fait de jouer sur leur propre sol semble donner des ailes aux Européens. Trois fois, ceux-ci se sont retrouvés «en famille» à ce stade de la compétition pour se disputer la couronne mondiale : en 1934 en Italie (Tchécoslovaquie, Allemagne, Autriche et Italie vainqueur), en 1966 en Angleterre (Allemagne, Portugal, URSS et Angleterre vainqueur) et en 1982 en Espagne (Allemagne, France, Pologne et Italie vainqueur). Deux fois sur trois le pays organisateur a remporté le titre, une statistique qui devrait réjouir Juergen Klinsmann. En revanche, avec trois anciens champions du monde en demi-finales, cette 18e édition ne battra pas le record de 1970 (Brésil, Italie, RFA, Uruguay) et 1990 (RFA, Angleterre, Italie et Argentine) qui avaient fait le plein. Six buts ont été inscrits au cours de ces quarts de finale riches en émotions, dont la moitié par l'Italie habituellement réputée pour sa rigueur défensive. Un total légèrement supérieur à celui de 2002 (5 buts), mais encore très en retrait de celui de 1998 (11 buts). Par ailleurs, ces quarts de finale n'ont pas été placés sous le signe de la revanche. Pour la troisième fois en quatre confrontations en Coupe du monde, le Brésil s'est incliné devant la France et ses numéros 10. Si Raymond Kopa n'avait rien pu faire en 1958 (2-5), Michel Platini en 1986 et Zinédine Zidane en 1998 et 2006 ont joué à la brésilienne pour éliminer les immenses favoris auriverde. De son côté, l'entraîneur suédois de l'Angleterre, Sven Goran Eriksson, doit maudire le sort qui place Luiz Felipe Scolari sur sa route dans la dernière ligne droite des grands tournois. L'Angleterre s'est inclinée devant le Brésil de Scolari en quarts de finale de Corée / Japon-2002, et cette année face au Portugal repris par Felipao. Dans l'intervalle, les sujets de Sa Majesté avaient également perdu en demi-finales de l'Uefa-2004 face à ces mêmes Lusitaniens, déjà entraînés par Scolari. Au passage, l'entraîneur brésilien en est à sa douzième victoire consécutive en phase finale avec deux équipes différentes, un record. Record aussi pour l'Allemagne imbattable dans les séries de tirs au but : quatre victoires sur quatre matches disputés au-delà de la prolongation en Coupe du monde. La Mannschaft rêve désormais de disputer, le 9 juillet, à Berlin, la huitième finale de son histoire, 32 ans après le sacre de Munich. Il faudra d'abord battre les Italiens. La dernière confrontation en Coupe du monde entre les deux formations reste un mauvais souvenir pour les Allemands, puisque la Squadra Azzurra s'était imposée en finale d'Espagne-82 (3-1).