Résumé de 121e partie n Daoul'makân apprend la naissance de son fils Kanmakân. C'est l'occasion pour organiser une fête qui marque la fin du deuil. Et c'est ainsi qu'on fit la clôture du deuil de Scharkân. Mais, malgré tout, Daoul'makân continuait à être triste d'être séparé de son frère, d'autant plus que le siège de Constantinia menaçait de traîner en longueur. Et il s'en ouvrit un jour à son vizir Dandân et lui dit : «Que faire, ô mon vizir, pour oublier ces chagrins qui me tourmentent et chasser l'ennui qui pèse sur mon âme ?» Le vizir Dandân répondit : «O roi, je ne connais qu'un seul remède à tes maux, et c'est de te raconter une histoire des temps passés et des rois fameux dont parlent les annales. Et la chose m'est aisée car, sous le règne de ton défunt père le roi Omar Al-Némân, ma plus grande occupation était de le distraire toutes les nuits, en lui narrant un conte délicieux et en lui récitant des vers des poètes arabes ou de mes improvisations. Cette nuit donc, quand tout le camp sera endormi, je te raconterai, si Allah veut, une histoire qui t'émerveillera et te dilatera la poitrine et te fera trouver le temps du siège excessivement court. Je puis dès maintenant t'en dire le titre qui est : ”Histoire des deux amants Aziz et Aziza.”» A ces paroles de son vizir Dandân, le roi Daoul'makân sentit son cœur battre d'impatience et n'eut plus d'autre souci que de voir enfin arriver la nuit pour entendre le conte promis, dont le seul titre le faisait déjà se trémousser de plaisir. Aussi à peine la nuit avait-elle commencé à tomber que Daoul'makân fit allumer tous les flambeaux de sa tente et toutes les lanternes du corridor de toile et fit apporter de grands plateaux chargés de choses pour manger et boire et des cassolettes chargées d'encens, d'ambre et de beaucoup d'aromates agréables ; puis il fit venir les émirs Bahramân, Rustem et Turkash et le grand chambellan, époux de Nôzhatou. Et lorsque tous furent là, il fit dire au vizir Dandân de venir ; et lorsque Dandân arriva entre ses mains, il lui dit : «O mon vizir, voici la nuit qui étend sur nos têtes sa vaste robe et ses cheveux ; et nous n'attendons plus, pour nous délecter, que l'histoire que tu nous as promise d'entre les histoires.» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, remit son récit au lendemain. Et lorsque fut la cent septième nuit, elle dit : Le roi Daoul'makân dit donc au vizir Dandân: «O mon vizir, voici la nuit qui étend sur nos têtes sa vaste robe et ses cheveux ; et nous n'attendons plus, pour nous délecter, que l'histoire que tu nous as promise d'entre les histoires.» Et le vizir Dandân répondit : «De tout cœur généreux et comme hommages dus ! Car sache, ô roi fortuné, que l'histoire que je vais te raconter sur Aziz et Aziza et sur toutes les choses qui leur sont arrivées, est une histoire qui est faite pour dissiper tous les chagrins des cœurs et pour consoler d'un deuil, fût-il plus grand que celui de Yâcoub ! La voici.» Histoire d'Aziz et Aziza et du prince Diadème. Il y avait, en l'antiquité du temps et le passé des âges et du moment, une ville d'entre les villes de Perse, derrière les montagnes d'Ispahân. Et le nom de cette ville était Ville-Verte. Et le roi de cette ville s'appelait Soleïmân-Schah. Il était doué de grandes qualités de justice, de générosité, de prudence et de savoir. Aussi de toutes les contrées les voyageurs affluaient vers sa ville, tant sa bonne renommée s'était étendue au loin et inspirait de confiance aux marchands et aux caravanes. (à suivre...)