Résumé de la 2e partie n Le climat est tendu à Solingen. Des Turcs manifestent leur colère dans les rues. Le Président intervient pour calmer la situation. Un suspect est arrêté par la police. Christian aimait le football, mais pas vraiment par goût du ballon. Il soutenait l'équipe locale au sein d'un groupe de hooligans qui clamait bien haut sa haine de l'étranger. Chaque match était pour lui l'occasion de s'abrutir dans la bière, car il buvait de plus en plus. C'est d'ailleurs l'alcool qui semble à l'origine du drame... Le vendredi 28 mai, avec trois complices, deux adultes et un mineur, âgés de seize, vingt et vingt-trois ans, tous sympathisants d'extrême droite, ils sont mis à la porte d'un café de Solingen après une beuverie. Pour les expulser, le patron se fait aider de deux Turcs. Il n'en faut pas plus pour déclencher leur folie meurtrière. Ils vont chercher un bidon d'essence dans la station-service où travaille Christian R. et se rendent au domicile des Turcs, que Christian connaît bien puisqu'il habite presque en face. Ils renversent le bidon sur des vieux journaux, dans l'entrée et s'enfuient. En vingt minutes, le bâtiment est détruit par les flammes... Les jours suivants, les témoins viennent déposer et compléter le portrait de Christian R. : un garçon de 1,80 mètre, aux yeux bleus, à l'allure sportive, habillé souvent en jogging, mais qui, malgré son physique épanoui, représentait visiblement un danger en puissance. Il est décrit ainsi par le chef de l'établissement scolaire qui l'accueillait : «Nous avons essayé de le comprendre, de l'aider, mais à la fin les enseignants n'en pouvaient plus. C'était un mouton noir, il voulait se battre avec tout le monde. Il lui arrivait de crier : "Heil Hitler !".» Gunther, quinze ans, un camarade : «Un jour, il s'est écrié en plein cours : "Saucisse folle !" Cela l'a fait bien rire et nous aussi. Il lui arrivait de dire des choses du genre : "Il faut brûler les maisons." Sur son cahier, il dessinait souvent des croix gammées. J'ai essayé de parler avec lui de son passé, de sa famille, de sa mère, mais il a toujours refusé.» Telle est la situation à l'heure actuelle. Christian R. et ses complices attendent de passer en jugement. Mais l'incendie de Solingen aura eu au moins pour conséquence de réveiller un débat de fond qui divise et empoisonne l'Allemagne. En matière de nationalité, l'Allemagne est régie par une des lois les plus restrictives d'Europe, le «droit du sang», qui date de 1913. Selon cette loi, une personne ayant un ancêtre allemand, aussi éloigné soit-il, peut avoir la nationalité germanique, alors que pour quelqu'un qui réside en Allemagne, même depuis longtemps, c'est très difficile. On aboutit à ce paradoxe que des Russes nés au fin fond de la Sibérie, descendants d'émigrés allemands du XVIIIe siècle, ont pu obtenir la nationalité allemande, alors que pour des Turcs, qui vivent et travaillent en Allemagne depuis trois générations, c'est pratiquement impossible. Il en résulte que quinze mille étrangers sont naturalisés par an en Allemagne, contre soixante mille en France et cent cinquante mille aux Etats-Unis, alors qu'il y a six millions d'étrangers outre-Rhin. A la suite de l'affaire de Solingen, le chancelier Kohl s'est déclaré favorable à une réforme du code de la nationalité. Mais il devra tenir compte d'une opinion publique allemande frileuse, surtout à la veille d'élections législatives difficiles pour lui.