Une nouvelle campagne de cinq jours a été lancée, jeudi, dans 11 Etats du nord Nigeria — les plus touchés par l'épidémie — pour vacciner les enfants de 0 à 5 ans, principales victimes de ce virus qui provoque de graves paralysies et parfois la mort. Devant la faible participation des populations à cette campagne lors des deux premiers jours, les responsables du Programme national d'immunisation (NPI) et des agences partenaires comme l'Unicef et l'OMS ont mobilisé les autorités religieuses et traditionnelles. «Nous avons pris conscience du besoin d'inclure les imams, les chefs de village et des associations de jeunesse dans nos stratégies de mobilisation», explique le coordinateur du NPI pour l'Etat de Kano. «Nous utilisons des crieurs publics, les imams font des sermons dans les mosquées, nous faisons vacciner publiquement nos enfants, et on progresse», raconte, de son côté, le chef du village de Rijiyar Zaki, dans les environs de Kano, la grande métropole du nord majoritairement musulman. Selon le coordinateur du NPI, «cette nouvelle stratégie semble porter ses fruits parce que le nombre de réponse a beaucoup augmenté depuis que les imams ont commencé à prêcher pour encourager leur communauté (à participer), ainsi que les jeunes». Les campagnes de vaccination lancées par l'ONU et le gouvernement nigérian s'étaient heurtées en 2004-2005 aux chefs musulmans du nord, qui affirmaient que le vaccin contre la polio faisait partie d'un complot des Etats-Unis pour stériliser les musulmanes. Les vaccinations avaient alors été suspendues pendant 11 mois dans cette région, entraînant un regain de l'épidémie centrée sur Kano qui s'était étendue aux pays voisins et au-delà.