L'Etat nigérian de Kano (nord) a décidé, hier dimanche, de maintenir son refus de laisser des agences des Nations unies vacciner la population contre la poliomyélite, après que des dignitaires musulmans eurent affirmé que ce vaccin était dangereux et provoquait notamment la stérilité. «Le gouvernement de l'Etat de Kano a décidé de prolonger la suspension de la campagne de vaccination contre la polio jusqu'à ce que la question (des risques supposés engendrés par le vaccin) soit tranchée», a déclaré un porte-parole de l'administration régionale. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a immédiatement averti que cette opposition réitérée des dignitaires musulmans contrôlant certains Etats du nord du Nigeria où la charia (loi islamique) est appliquée, dont Kano, épicentre de la dernière épidémie de polio, fait peser un grave danger sur la population. «Tout retard dans la vaccination va entraîner une propagation rapide du virus et risque de handicaper davantage des enfants innocents au Nigeria et dans les pays voisins», a lancé un porte-parole de l'Unicef. Un comité de scientifiques et de religieux mis en place pour enquêter sur ces allégations avait confirmé ces craintes en janvier, assurant que le vaccin contenait des hormones, ?strogène et progestérone, risquant de provoquer la stérilité.