Dégâts n Les rues d'Alger sont devenues incertaines pour les paisibles citoyens, parfois, agressés au bas de leurs immeubles. Abderrazak, 48 ans, est né et a grandi à la rue Ben M'hidi, il ne reconnaît plus son quartier : «Je me sens étranger.» Quotidiennement, «on est perdu dans la foule». La rue attire beaucoup de monde, avec ces multiples vendeurs à la sauvette qui proposent des marchandises à bon prix, mais au-delà de ces occasions en or, une multitude de voyous, sème la terreur, agressant les gens. Selon lui, la rue Ben M'hidi, réputée «jadis pour son calme» est devenue «le Far West», dès la tombée de la nuit. «Plusieurs agressions ont été commises parfois d'une manière violente», explique Abderazak. Les cibles préférées de ces voleurs sont les clients des bars nombreux dans cette rue. Omar, l'une des victimes raconte : « Je sortais vers 23 h d'un bar, je me dirigeais vers ma voiture stationnée à 50 mètres quand des coups m'ont été assenés à la nuque. Je suis tombé, j'ai été roué de coups et on m'a délesté de mon portefeuille et de mon portable.» Même décor du côté de la rue Ferhat-Boussaâd (ex-Meissonnier), réputée pour son marché. Les voleurs à la tire se fondent dans la foule, une fois leurs forfaits accomplis. Quand vous interrogez les jeunes du quartier, ils vous répondent : «C'est à la police de faire le nettoyage» aidée des commerçants qui doivent «dénoncer» le moindre suspect, car «les voleurs sont connus de tous». A Bab El-Oued, la situation est différente. Selon des habitants de ce vieux quartier, «à Bab el-Oued, peu de voleurs sévissent car on les menace», dira un jeune chômeur qui souligne : «A Bab el-Oued, tu peux circuler, sans risque, même à des heures tardives.» A la station de taxis, située près du square Port-Saïd, les «voleurs sont plus nombreux que les voyageurs», dira un gardien de parking, qui a grandi dans la rue, mais qui a toujours travaillé honnêtement. Il connaît «tout le monde», les drogués, les voleurs à la sauvette et les habitués des prisons. «Même l'Etat en a marre d'eux», explique-t-il. Sur place, des jeunes proposent des bagues et des chaînes en or, à des prix défiant toute concurrence. Ces voleurs trouvent une clientèle, parmi, les chauffeurs de taxi et les voyageurs, qui pêut-être, ont été victimes hier. A El-Harrach, un habitant est catégorique : «Ici, les voleurs organisent des razzias, ils n'ont peur de personne. Les jours de marché de gros, les victimes se comptent par dizaines.»