Résumé de la 6e partie n Sidi Ali est encore empêché de faire son pèlerinage. Il revient auprès de Sidi Bouzid dont il épouse la fille. Le temps passe et voilà que Sidi Ali a la nostalgie du Sahara occidental, son pays natal qu'il a quitté depuis longtemps. — Je veux partir, dit-il à son épouse. — Tu plongerais mon père dans le désespoir ! — Il faut bien que je reparte un jour... Il va trouver Sidi Bouzid, qui a maintenant vieilli, et que la décision de Sidi Ali chagrine effectivement. — Si tu restes, lui dit-il, je te donnerai à choisir entre la source de Tiouelfin et une somme de deux mille dinars – c'est-à-dire deux mille pièces d'or — véritable trésor à l'époque. Sidi Ali est séduit : une source, c'est quelque chose de précieux, surtout dans ces régions semi-arides où l'eau n'est pas très abondante, et deux mille pièces d'or lui permettront d'acheter des terres et de construire sa zaouïa. — Je prends les pièces, dit-il. Sidi Ali va chercher un récipient plein de pièces d'or et le lui remet. — Désormais, lui dit-il, tu ne parleras plus de partir ! Ta place, jusqu'à ta mort, est parmi nous et, après toi, il y aura ta descendance... Sidi Ali s'en va satisfait. Mais voilà, alors qu'il se rend à la source pour faire ses ablutions, Tiouelfin, sans doute vexée que le saint lui ait préféré une somme d'argent, refuse de lui donner de l'eau. Une eau qui était pourtant abondante à son arrivée ! Il comprend la leçon et retourne chez Sidi Bouzid. —Je te rends l'argent, lui dit-il, donne-moi la source car, Tiouelfin vaut plus que deux mille pièces d'or. Ce dernier propos est devenu un proverbe : «Tiouelfin, khir men alfine.» Voilà donc Sidi Ali établi à Tiouelfin. Au fur et à mesure que les années passent sa réputation grandit, faisant de l'ombre à celle de son beau-père, Sidi Bouzid. Celui-ci décide un jour de lui céder la place et d'aller prêcher dans une autre région. «Je vais partir», dit-il. On essaye de le retenir, mais sa décision est prise. Un beau matin, il prend congé des siens et, monté sur sa mule, s'en va, laissant à Dieu le soin de le conduire là où il aura décidé de l'envoyer. Selon la tradition, la mule bien que vieille, marcha longtemps, supportant le poids de son vieux maître. Mais au bout de deux jours de marche éprouvante, elle tombe d'épuisement et meurt. Sidi Bouzid, qui est parvenu au pied du djebel Ammour, décide de s'y fixer puisque c'est là où le destin l'a mené. Il établit sa khaloua, son lieu de retraite, dans une grotte et va passer le temps qu'il lui reste à vivre, dans la prière et l'adoration de Dieu. Sa réputation s'étant répandue, on vient de partout lui rendre visite et à sa mort, on élèvera un mausolée sur son tombeau. On construira aussi des maisons à proximité du mausolée, fondant ainsi un ksar qui prendra le nom de Sidi Bouzid. (à suivre...)