Résumé de la 128e partie n La jeune reine donna naissance à un garçon marqué de l'empreinte de la chance et de la fortune. Sa beauté dépasse celle de sa mère. Elle dit : On l'appela Diadème. Et il fut élevé au milieu des baisers et dans le sein des plus belles ; et les jours s'écoulèrent et les années s'écoulèrent ; et l'enfant atteignit l'âge de sept ans. Alors le roi Soleïmân-Schah, son père, fit venir les maîtres les plus savants et leur ordonna de lui enseigner la calligraphie, les belles-lettres et l'art de se conduire ainsi que les règles de la syntaxe et de la jurisprudence. Et ces maîtres de la science restèrent avec l'enfant jusqu'à ce qu'il eût quatorze ans. Alors, comme il avait appris tout ce que son père désirait qu'il apprît, il fut jugé digne d'une robe d'honneur ; et le roi le retira des mains des savants et le confia à un maître d'équitation qui lui apprit à monter à cheval et à jouter de la lance et du javelot et à chasser le daim à l'épervier. Et le prince Diadème devint bientôt le cavalier le plus accompli ; et il était devenu si parfaitement beau que lorsqu'il sortait à pied ou à cheval il faisait se damner tous ceux qui le regardaient. Et lorsqu'il eut atteint l'âge de quinze ans, ses charmes étaient devenus tels que les poètes lui dédièrent leurs odes les plus amoureuses ; et les plus chastes et les plus purs d'entre les sages sentirent leur cœur s'effriter et leur foie s'émietter de tout ce qu'il avait en lui de charme magicien. Et voici l'un des poèmes qu'un poète amoureux avait composé pour l'amour de ses yeux : «L'embrasser, c'est s'enivrer d'un parfum de musc de toute sa peau ! C'est sentir sous l'étreinte ployer son corps comme la délicate branche humide nourrie seulement de brise et de rosée. L'embrasser ! mais c'est s'enivrer sans toucher à nul vin ! Ne le sais-je pas, moi qui me trouve au soir tout fermentant du vin musqué de sa salive ! Elle-même la Beauté, en se réveillant au matin, se regarde à son miroir et se reconnaît sa vassale et sa captive ! Alors comment, ô ma folie ! les cœurs mortels pourraient-ils échapper à sa beauté ? Par Allah ! par Allah ! si la vie m'est encore possible, je vivrai avec, dans mon cœur, sa brûlure ! Mais si je venais à mourir de ma passion et de son amour, ah ! quel bonheur !» Or, tout cela, quand il avait quinze ans d'âge ! Mais lorsqu'il eut atteint sa dix-huitième année, ce fut bien autre chose ! Alors un jeune duvet velouta le grain rose de ses joues, et l'ambre noir mit une goutte de beauté sur la blancheur de son menton. Alors, en toute évidence, il ravit toutes les raisons et tous les yeux, comme dit le poète à son sujet : «Son regard ! s'approcher du feu sans se brûler n'est point si étonnante chose que son regard ! Comment suis-je encore en vie, ô sorcier, moi qui passe ma vie sous tes regards ! Ses joues ! si ses joues transparentes sont duvetées, ce n'est point de duvet comme toutes les joues, mais de soie furtive et dorée. Sa bouche ! Il y en a qui viennent me demander naïvement où se trouvent l'élixir de vie et sa source, sur quelle terre coulent l'élixir de vie et sa source !... Et je leur dis : «L'élixir de vie, je le connais et sa source aussi, je la connais !... «Elle est la bouche même d'un adolescent, svelte et doux comme un jeune daim, le cou tendre et penché, d'un adolescent à la taille flexible. «Elle est la lèvre humide et moussue d'un jeune daim mince et vif, d'un adolescent à la douce lèvre humide et de couleur rouge foncé !» (à suivre...)